France

«Reconfinement par surprise» : bras de fer entre Marseille et Matignon autour des mesures anti-Covid

Furieuse face aux restrictions annoncées depuis Paris par le ministre Véran, la Ville de Marseille demande au gouvernement «10 jours avant la mise en œuvre de nouvelles mesures». Les autorités dénoncent des annonces sans consultation.

Les responsables marseillais ne décolèrent pas. Le soir-même des annonces d'Olivier Véran, ils assimilaient les nouvelles mesures restrictives anti-coronavirus visant Marseille, à une «punition collective» décidée «de façon unilatérale». Ce 24 septembre, ils entament un bras de fer. 

Renaud Muselier, le président LR de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, a ainsi annoncé, qu'il déposerait le 25 septembre un référé-liberté contre «tout acte restreignant l'exercice de la liberté d'entreprendre, d'industrie et du commerce de façon disproportionnée». Sans préciser dans son communiqué quelles mesures précises sont visées, il a indiqué qu'il serait accompagné de restaurateurs et de cafetiers.

Le premier adjoint à la mairie de Marseille Benoît Payan (qui remplace la maire Michèle Rubirola pour raisons de santé), cité par l'AFP, a de son côté réclamé «au gouvernement 10 jours avant la mise en œuvre de nouvelles mesures» anti-Covid. Assurant que les mesures prises par la Ville, confrontée à une reprise de l'épidémie, «avaient commencé à porter leurs fruits», le premier adjoint a dénoncé un «affront» et une annonce du ministre de la Santé prise «sans concertation».

Union sacrée contre le «reconfinement par surprise»

«Une nouvelle fois, notre territoire est montré du doigt», a encore fustigé Benoît Payan, évoquant des «restrictions incroyables».

Le député des Bouches-du-Rhône Jean-Luc Mélenchon a apporté sur Twitter «son soutien aux propositions de Benoit Payan, [...] contre le reconfinement par surprise de Marseille». Le leader de La France insoumise a poursuivi : «A Marseille, Macron recommence : décisions sans alerte, contradictoires et incohérentes. Il n'a rien appris. Rien préparé.»

Interrogé sur ces tensions lors de son audition devant la commission d'enquête sénatoriale sur la gestion du Covid-19, le ministre de la Santé a insisté, ce 24 septembre, sur la nécessité de prendre des décisions rapides contre le virus. Il a souligné qu'il refusait de s'encombrer de «boulets», précisant qu'il désignait par ce terme les jours de retard accumulés dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus. Olivier Véran a enfin fait part de son incompréhension quant à l'injonction d'urgence qui lui est d'une part faite, et les reproches de manque de contestation qui lui sont opposés. 

Le soir du 23 septembre, depuis Paris, Olivier Véran avait annoncé, entre autres mesures visant à enrayer la pandémie, la fermeture des bars et restaurants pour deux semaines à Marseille, placée en «alerte maximale».

«Les décisions annoncées ce soir, dont je mesure la portée pour les marseillais, visent précisément à les protéger alors que tous les indicateurs sanitaires sont très dégradés. Ce dont je me suis entretenu cet après-midi avec votre 1er adjoint et le président Renaud Muselier», s'était-il justifié sur les réseaux sociaux face à la polémique naissante.

Des chiffres en amélioration, selon la Ville

«Cette punition collective est extrêmement dure pour l'économie de nos territoires», avait réagi dans un communiqué le président de la région, Renaud Muselier, dénonçant un «quasi-reconfinement». Il avait souligné que Marseille avait atteint «un plateau» (après une hausse) avec un taux d'incidence légèrement en baisse sur une semaine (de 228 à 193 pour 100 000 personnes) et un taux de positivité qui a aussi très légèrement reculé de 8,7% à 8,2%. La preuve, selon Renaud Muselier, que «les mesures précédentes sont en train de produire leurs effets».

«J'apprends avec étonnement et colère une décision pour laquelle la Mairie de Marseille n'a pas été consultée. Rien dans la situation sanitaire ne justifie cette annonce. Je n'accepte pas que les Marseillais soient victimes de décisions politiques que personne ne peut comprendre», avait pour sa part lancé Michèle Rubirola (EELV), maire de la Cité phocéenne.

La France a enregistré 13 072 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures tandis que le taux de positivité des tests continue de grimper, selon les données publiées le 23 septembre par Santé publique France. Le nombre de cas est donc reparti à la hausse par rapport aux 10 008 enregistrés la veille, mais sans atteindre le record de samedi (13 498 cas positifs). Dans les hôpitaux, 783 malades du virus ont été nouvellement admis dans la journée, dont 130 en réanimation.
En outre, 4 244 malades du Covid ont été hospitalisés sur les sept derniers jours, le même chiffre que la veille, dont 675 en réanimation, soit 24 de plus que la veille, d'après le service public de santé.
Depuis le début de l'épidémie, au moins 31 459 décès liés au Covid ont été enregistrés en France, soit 43 de plus que la veille, dont 20 888 en milieu hospitalier.