Toutes deux auditionnées devant la commission d’enquête du Sénat sur leur rôle dans la gestion de la crise sanitaire, l'ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et l'ex-porte parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye, ont estimé avoir rempli leur mission. En outre, les deux anciennes membres du gouvernement n'ont pas manqué de souligner les difficultés du contexte auxquelles elles affirment avoir été confrontées.
Quand un pays est dans le déni, c’est très compliqué
Agnès Buzyn a par exemple considéré, de façon générale, avoir constaté «une sous-évaluation du risque par les experts» dès l'apparition de la pandémie. L'ancienne ministre a également pointé «l'état d’esprit du pays» au début de la crise sanitaire. «Il y a eu une sorte de déni […] Quand un pays est dans le déni, c’est très compliqué», a-t-elle fait valoir, estimant avoir eu raison trop tôt : «Si j’avais dit le 21 janvier que l’on allait avoir une pandémie mondiale, on m'aurait traitée de folle», a-t-elle notamment déclaré.
Un défaut d’acculturation scientifique dans la population française
«On était confrontés à des gens, sur des plateaux de télévision, où à des citoyens qui vous interrogeaient au cours de déplacements, quand on pouvait encore se déplacer, qui vous disaient : mais pourquoi c’est pas oui ou non ?», a pour sa part déclaré Sibeth Ndiaye. Au delà du manichéisme ambiant auquel elle explique avoir du faire face, la femme politique a également pointé l'existence, selon elle, d'«un défaut d’acculturation scientifique dans la population française».
Pour rappel, plusieurs événements ont placé les deux femmes politiques au cœur des critiques dans le cadre de la gestion de la pandémie. En présentant sa candidature à la mairie de Paris au début de la crise sanitaire – démarche politique dans le cadre de laquelle elle avait annoncé sa démission du ministère de la Santé – Agnès Buzyn a par exemple provoqué une vague d'indignation qui aura, entre autres, motivé des médecins à porter plainte contre elle.
Quant à Sibeth Ndiaye, plusieurs de ses interventions ont largement été décriées au sein de l'opinion publique, parmi lesquelles sa phrase du 20 mars 2020 sur le port du masque devenue célèbre. «Les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde, et vous savez quoi ? Moi je ne sais pas utiliser un masque, [...] ça peut même être contre-productif», avait-elle déclaré en pleine polémique sur la disponibilité des masques de protection respiratoire, qui sont aujourd'hui l'objet de mesures obligatoires à l'échelle nationale.