Twitter continue son étiquetage politique des médias. C'est désormais au tour du média «progressiste et eurocritique» Ruptures de se voir pénaliser sur la plateforme Twitter. Le média français financé par le don de ses lecteurs s'est vu gratifié du libellé «média affilié à un Etat, Russie» le 7 septembre au matin. Selon Twitter, cette démarche est destinée à «fournir aux internautes d'avantage de contexte» sur ces comptes. Une manière de contextualiser qui a de quoi surprendre puisque ce média ne reçoit pas de financements étrangers.
Le rédacteur en chef de Ruptures, Pierre Levy, contacté par RT France, se demande «de quel droit Twitter s'arroge le droit de décerner ce label» ? Le journaliste pointe «une contrevérité, nos ressources viennent évidemment des abonnements de nos propres lecteurs, les comptes sont publics et notre rédaction indépendante de la Russie». «C'est évidemment une calomnie» dénonce l'ancien rédacteur du journal L'Humanité. L'apparition du libellé serait «sous réserve d'investigations» intervenue après le partage d'un article sur le «Russia gate» dans lequel le média dénonce la partialité des médias français au sujet des prétendues ingérences russes dans l'élection présidentielle américaine de 2016.
L'économiste et directeur d'études à l'EHESS Jacques Sapir a quant lui apporté son soutien a Ruptures qualifiant de «scandaleu[se]» la démarche. «C'est évidemment une calomnie», a-t-il estimé.
Le 6 août, le compte Twitter de RT France (de même, notamment, que RT en anglais, en espagnol, en allemand ou en arabe), financé par l'Etat russe, se voit gratifié du libellé «Média affilié à un Etat, Russie» au même titre que le média financé par l'Etat chinois CCTV. Dans le même temps, d'autres médias tels que la BBC ou France 24, pourtant eux-mêmes financés par les Etats britanniques et français n'ont pas reçu la même stigmatisation.
A ce sujet, l'avocat de RT France, Jérémie Assous, avait dénoncé une décision «discriminatoire» qui «illustre à merveille le parti pris des réseaux sociaux américains». «Ces réseaux sociaux sont partis en guerre idéologique contre ce qu'ils considèrent comme étant le camp du mal. Il leur sera désormais impossible de continuer à revendiquer leur statut de plateforme neutre, ils devront être traités comme des éditeurs de contenu. Leurs arguments pour qualifier les "médias indépendants" de ceux qui ne le sont pas sont grotesques pour quiconque s’intéresse un tant soit peu aux médias», avait conclu le juriste.