Facebook a annoncé le 5 septembre à la mi-journée avoir bloqué la diffusion en vidéo des derniers moments d'Alain Cocq, atteint d'une maladie incurable qui le cloue au lit depuis des années.
«Bien que nous respections sa décision de vouloir attirer l'attention sur cette question complexe, sur la base de conseils d'experts, nous avons pris des mesures pour empêcher la diffusion en direct sur le compte d'Alain, car nos règles ne permettent pas la représentation de tentatives de suicide», a déclaré à l'AFP un porte-parole de Facebook.
Dans la nuit de du 4 au 5 septembre, cet habitant de Dijon avait annoncé dans une vidéo avoir cessé son traitement et toute alimentation et hydratation, faute d'avoir obtenu du président de la République une injection de barbituriques «à titre compassionnel» pour abréger ses souffrances, comme cela est possible en Suisse.
«Le chemin de la délivrance commence et, croyez-moi, j'en suis heureux», avait-il alors déclaré, en référence à sa décision de se laisser mourir.
En «phase terminale depuis 34 ans», comme il le dit, Alain Cocq souffre d'une maladie rare qui bloque ses artères. Il dit avoir subi neuf opérations en quatre ans. Sans effet... «Ce n'est pas un suicide», a précisé le malade, rappelant qu'il est catholique. «Je suis dans le cas prévu par la loi où un patient peut arrêter son traitement», affirmait-il, disant que, dans ces cas-là, le décès suit «dans les deux à cinq voire sept jours». «Moi, avec mon état, ça risque d'être rapide», a-t-il fait savoir.
Quelques heures plus tard, alors qu'il allait poster une nouvelle vidéo, il annonçait : «Facebook me bloque la diffusion vidéo jusqu'au 8 septembre.» «A vous de jouer», écrivait alors cet homme de 57 ans à l'intention de ses soutiens avant de donner l'adresse de Facebook France à Paris pour «faire savoir ce que vous pensez de ses méthodes d'entrave à la liberté d'expression».
«Un système de repli sera actif d'ici 24H» pour diffuser des vidéos, a-t-il assuré. Facebook a des règles détaillées : si elles ne prévoient pas de dispositions spécifiques concernant la fin de vie, elles sont en revanche très strictes concernant les contenus qui peuvent s'apparenter à une promotion du suicide ou de l'automutilation. Des cas qui englobent l'euthanasie ou le suicide assisté.
De nombreux internautes ont apporté leur soutien au malade. «La loi Cocq arrivera, j'en suis sûre», a écrit l'une d'entre elles, persuadée que son action permettra une évolution de la loi Claeys-Léonetti de 2016 qui autorise la sédation profonde, mais seulement pour les personnes dont le pronostic vital est engagé «à court terme».
Le cas d'Alain Cocq a relancé la controverse sur la fin de vie, après l'affaire Vincent Lambert, un infirmier en état végétatif décédé en juillet 2019 après une sédation profonde voulue par son épouse et son neveu François, mais à laquelle ses parents se sont opposés.