A l’approche de la rentrée, des syndicats de professeurs et de parents d'élèves condamnent l’attitude du ministère de l’Education, qui a selon eux échoué à établir des mesures de protection claires face au Covid.
Dans ce contexte, SNUipp-FSU, premier syndicat d'enseignants du primaire, demande un décalage de la rentrée de quelques jours, ainsi que des éclaircissements sur les futures conditions sanitaires à l’école.
La possibilité d’avoir de nouveaux clusters et de refermer éventuellement les écoles, c’est inquiétant pour les collègues
La pré-rentrée des enseignants, prévue le 31 août, se fera la veille du retour des élèves. Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, demande quelques jours de pré-rentrée supplémentaires afin de prendre le temps de réfléchir au meilleur accueil des enfants. «C’est pour permettre aux enseignants de travailler collectivement sur cette rentrée qui s’annonce compliquée puisque la situation sanitaire a évolué au courant de l’été. La rentrée n’est pas normale, elle est hors normes. Elle demande donc de la préparation», a-t-elle défendu, selon des propos rapportés par France info. «On a un peu l’impression que le ministère fait comme si la rentrée était ordinaire. Or, l’école n’est pas hors sol. La possibilité d’avoir de nouveaux clusters et de refermer éventuellement les écoles, c’est inquiétant pour les collègues», a également affirmé Guislaine David à l'AFP.
Du côté des parents d'élèves, Carla Dugault, co-présidente de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), a déclaré lors d'un entretien avec RT France : «A moins de 15 jours de la rentrée scolaire, nous n’avons toujours pas d’information sur l’évolution du protocole sanitaire. Ce n’est pas sérieux. Nous mettons les familles et les enfants dans une situation d’angoisse, de questions sans réponse». Et d'ajouter : «On recommence ce qu’on déjà vécu à partir de mai lorsque le chemin de l’école était possible. Depuis mai dernier, aussi bien la FCPE et les acteurs de la communauté éducative ont demandé au ministre de l’Education de préparer cette rentrée scolaire. Et aujourd'hui on voit bien, on fait le constat, que rien n’est prêt». Carla Dugault prône notamment une organisation de la classe «autrement, en petits effectifs», «pour que le virus se propage moins».
Le ministère de l'Education a publié un protocole
Pour autant, afin d'accompagner la rentrée scolaire, le ministère de l’Education a publié un protocole à suivre par les écoles, ainsi qu’un guide sanitaire à destination des enseignants, des élèves et des parents. Ce dernier stipule que «les parents d’élèves jouent un rôle essentiel. Ils s’engagent à ne pas mettre leurs enfants à l’école, au collège ou au lycée en cas de fièvre (38°C ou plus) ou en cas d’apparition de symptômes évoquant la Covid-19 chez l’élève ou dans sa famille» […] Toutefois, les élèves de plus de 11 ans «doivent porter le masque de protection, dans les espaces clos et extérieurs, lors de leurs déplacements ainsi qu’en classe lorsque la distanciation d’un mètre ne peut être garantie». Et, «dans les espaces clos (salles de classe, ateliers, bibliothèques, réfectoires, cantines, internats, etc.), la distanciation physique n’est plus obligatoire lorsqu’elle n’est pas matériellement possible ou qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves», précise le gouvernement.
En outre, le soir de ce 20 août, Jean-Michel Blanquer a exclu un report généralisé de la rentrée scolaire du fait du rebond des contaminations de Covid-19, tout en précisant que des «exceptions locales» pourraient être envisagées.
Laurent Tramoni, du premier syndicat enseignant dans le second degré, Snes-FSU, ne comprend pas pourquoi «le ministère de l'Education a publié il y a quelques jours un nouveau protocole très assoupli alors que les signaux d'une reprise de l'épidémie semblent se dessiner», cité par France 3 Paca.
Jean-Michel Blanquer doit s'exprimer sur la question le 26 août. «On va tous apprendre devant notre télévision ce qu'il va falloir faire, ce n'est pas sérieux, si proche de la rentrée», regrette Christophe Merlino, responsable de la FCPE13 (Fédération des Bouches-du-Rhône), auprès du même média.
Interrogé par l'AFP, le ministère de l’Education a souligné le 19 août que ce protocole pouvait s'«adapter aux réalités du terrain à travers les échanges, au plan local, entre les préfets, les recteurs, les agences régionales de santé et les collectivités territoriales». L’Agence régionale de Santé Provence-Alpes Côte-d’Azur, citée le 17 août par France 3, précisait par exemple pour sa part que «pour le moment rien n'est prévu concernant la rentrée scolaire mais si des cas positifs étaient détectés dans les établissements, il pourrait y avoir des fermetures de classes et d'établissements en fonction de la situation».
Masques obligatoires et réorganisation des classes : des pistes face au Covid ?
Le Snes-FSU a réclamé par la voix de Sophie Vénétitay, des «ajustements très précis et très conjoncturels», selon l'AFP. L’organisation prône «le port du masque obligatoire, sa gratuité, plus d’aération en classe, et des mesures particulières pour les personnes fragiles».
La question de l'extension de l'obligation du port du masque dans de nouveaux endroits en intérieur fait débat en France. Dans une tribune publiée sur le site de Libération, un collectif de médecins réclamait mi-août de rendre le port du masque obligatoire dans «tous les espaces clos» y compris «toutes les salles de classe et amphithéâtres» et d’«encourager […] les cours à distance et la réorganisation des classes avec des effectifs moins nombreux».
En tout état de cause, du côté des entreprises, la ministre du Travail Elisabeth Borne a récemment annoncé que le port du masque serait «systématisé» d'ici fin août dans «tous les espaces clos et partagés».