Un mois après l'installation en plein centre de Paris d'un campement de 70 jeunes migrants, considérés par plusieurs associations comme des mineurs isolés, une centaine de personnes ont manifesté ce 30 juillet pour réclamer un accueil digne en «urgence».
«Mineurs oubliés», «Mineurs abandonnés», «On n'est pas des menteurs» : militants et migrants, munis de pancartes, se sont ainsi rassemblés devant le Conseil d'Etat. Ils ont alerté sur le sort de ces «mineurs non accompagnés» qui vivent dans des tentes depuis fin juin près de la Place de la République.
Tous ont été évalués majeurs par plusieurs départements d'Ile-de-France et leurs dossiers sont refusés par l'aide sociale à l'enfance (ASE) mais ils contestent cette évaluation et se retrouvent dans une «impasse» le temps de leur recours, selon les associations qui les aident : Utopia 56, Comede, Médecins sans frontières (MSF) et deux autres collectifs.
Ces ONG militent pour qu'ils soient considérés comme mineurs et pris en charge comme des enfants en danger le temps du processus judiciaire, qui peut durer entre six et dix-huit mois. «Cela fait un mois qu'ils campent, c'est difficile. Il faut qu'une solution soit proposée en urgence», a alerté Corinne Torre, responsable de MSF en France, qui réclame un débat national. Ils sont «environ 300» dans la même situation à Paris et en banlieue, à vivre dans des hôtels ou à la rue, selon MSF.
D'après les associations, nombre de départements utilisent les évaluations de minorité pour évincer les jeunes de la prise en charge destinée aux mineurs non accompagnés, qui leur coûte environ 2 milliards d'euros par an. Après contestation, MSF assure que plus de la moitié des jeunes accompagnés par ses services sont finalement reconnus mineurs par la justice. Les associations demandent à Paris de «montrer l'exemple» aux autres départements, en créant un dispositif pour ces jeunes le temps de leur recours.
La mairie de Paris discute «depuis mars avec le préfet de région pour ouvrir un centre d'hébergement pour les plus vulnérables de ces jeunes», a expliqué à l'AFP l'adjointe à la solidarité, Dominique Versini. Il doit être «co-financé par l'Etat» car ces jeunes «relèvent de sa prise en charge». Un site a récemment «été trouvé» et l'Etat discute avec une association susceptible de le gérer, a-t-elle ajouté. Toutefois l'ouverture du centre «nécessite des travaux» et la mairie propose «d'ouvrir un gymnase pour accueillir ces jeunes en attendant».
Sollicitée ce 30 juillet au matin, la préfecture d'Ile-de-France n'avait pas encore répondu.