France

«Enceinte à 17 ans»: dans l'hémicycle, une députée LFI interpelle les opposants à la «PMA sans père»

Alors que le projet de loi bioéthique repasse devant l'Assemblée nationale, la députée insoumise Caroline Fiat a opposé son expérience personnelle à ceux qui pensent «que l’enfant va mal grandir parce qu’il n’a pas de papa».

Alors que la loi bioéthique, vivement critiquée par certains militants, se trouve entre les mains de l'Assemblée nationale pour une deuxième lecture, la députée insoumise de Meurthe-et-Moselle, Caroline Fiat, a tenu à évoquer son histoire personnelle dans l'hémicycle pour modérer les propos tenus lors des débats.

«Il y a des moments où l'on peut ne pas être d'accord sur des points du texte», a lancé la député devant ses collègues. «Mais vraiment je demande à tout le monde de peser ses mots avant de les prononcer ici en se disant que l'on peut vraiment faire du mal au gens en les prononçant», a-t-elle déclaré sous les applaudissements.

Son papa, il a eu peur pendant la grossesse, il s'est barré

Parmi les sujets abordés par la loi bioéthique, le plus emblématique et le plus controversé est l'ouverture de la Procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. L'absence de père dans ce type de procréation cristallise les critiques de ses opposants, inquiets pour le devenir des enfants.

La députée, qui a précisé avoir donné naissance à quatre enfants, s'est résolue à évoquer son histoire personnelle : «J’ai été enceinte à 17 ans, mes parents ont eu tous les noms sur leur fille, je devais avoir le pire avenir de ma vie, mon fils devait avoir le pire avenir de sa vie. Aujourd’hui je suis députée, et je suis assise sur ces bancs. Mon fils est autonome, il est boulanger, il se débrouille très bien tout seul. Son papa, il a eu peur pendant la grossesse, il s'est barré». 

J’ai été enceinte à 17 ans, mes parents ont eu tous les noms sur leur fille, je devais avoir le pire avenir de ma vie

«Ça transperce le cœur d’entendre que l’enfant va mal grandir parce qu’il n’a pas de papa. Tout le monde assure comme il peut. Tous les parents assurent comme ils peuvent. Qu’ils adoptent, qu’ils portent les enfants ou quoi que ce soit», a-t-elle encore déclaré sous des applaudissements nourris. Après un examen poussif des premiers amendements depuis l'ouverture des débats la veille, les députés ont entamé dans la soirée ceux dédiés à l'article premier du projet de loi. Il élargit la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, ce qui constituait une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron.

Le Premier ministre, Jean Castex, a insisté le même jour auprès des députés pour maintenir «l'équilibre» du projet de loi bioéthique tel qu'obtenu en première lecture, saluant déjà une «avancée majeure» quand certains élus plaident pour aller plus loin. «La GPA demeure notre ligne rouge», a-t-il notamment souligné.