France

Nommé à Matignon, Jean Castex veut «réunir la nation»

Le président de la République a choisi Jean Castex pour succéder à Edouard Philippe à Matignon. L'ancien Premier ministre avait présenté la démission de son gouvernement dans la matinée.

Vendredi 3 juillet

«L'écologie n'est pas une option et je crois qu'elle est désormais entrée dans toutes les têtes», a-t-il dit en confessant que l'«accélération» de l'écologie sera au cœur du projet, conformément aux volontés du président de la République.

«Le plan de relance du pays, la reconstruction, sera ma première mission, dès demain [...] Il faut continuer à soutenir l'économie en ces temps de crise», a assuré le chef du gouvernement.

«L'écologie n'est pas une option, elle est entrée dans toutes les têtes, transcende la classe politique. Accélérer le processus écologique, c'est au cœur de ce que m'a demandé le président de la République», a ajouté Jean Castex.

Jean Castex a dit vouloir «ouvrir des concertations» dans tous les territoires afin d'élaborer «un nouveau pacte social», dans un contexte de crise économique.

«Avant de donner les solutions, je souhaite que l'on en discute avec la nation, avec les partenaires sociaux, dans les territoires, avec tous les acteurs pour associer le plus possible à la recherche de solutions», a-t-il assuré.

Le nouveau Premier ministre Jean Castex a annoncé qu'il ferait son discours de politique générale «en milieu de semaine prochaine» au parlement et qu'il ferait «tout pour» former son gouvernement avant lundi 6 juillet.

«Tout ne peut pas se décider depuis Paris, je crois aux territoires, en la confiance», a déclaré le nouveau Premier ministre.

«Je suis un gaulliste social», déclare Jean Castex, interviewé pour la première fois depuis sa nomination au poste de Premier ministre, sur LCI. «Mes valeurs sont la responsabilité, c'est-à-dire qu'on ne peut pas tout attendre de l'Etat [...] mes valeurs sont aussi la laïcité, et [...] l'autorité gardienne des valeurs de la République», a-t-il détaillé.

Edouard Philippe est descendu du perron de l'hôtel Matignon sous des applaudissements nourris, et a quitté le bâtiment après être passé près du public dans la cour.

Remaniement : Suivez en direct la passation des pouvoirs entre Edouard Philippe et Jean Castex depuis Matignon.

Le nouveau Premier ministre Jean Castex a affirmé vouloir «plus que jamais réunir la Nation» face à la crise économique et sociale qui est «déjà là» avec le coronavirus. «Les priorités devront donc évoluer. Les méthodes devront donc être adaptées», a-t-il déclaré, ajoutant qu'une «nouvelle étape du quinquennat [s'ouvrait]».

«Merci beaucoup, mon cher Edouard. Pour vos propos, surtout pour votre action au service de nos concitoyens. Nul ne doute ici que vos immenses talents vont durablement rester au service de la France», a conclu le locataire de Matignon à l'attention de son prédécesseur.

Après avoir salué le bilan d'Edouard Phillipe à Matignon, Jean Castex est revenu sur la crise sanitaire : «Je voudrais tout simplement ici, publiquement, témoigner de l'engagement qui a été le vôtre, du souci constant, constant, de protéger nos concitoyens, d'expliquer la situation et les dispositions que celle-ci commandait. Vous l'avez fait toujours avec la clarté et la pédagogie.»

Edouard Philippe a eu un mot pour le président de la République, avec qui il a eu «la très grande chance de travailler dans des conditions de confiance, de fluidité». Il a en outre évoqué les élus locaux, les représentants syndicaux, mais aussi les citoyens : «une bonne démocratie impose une bonne opposition et l'opposition nécessaire dans une démocratie.»

Edouard Philippe s'est dit «très heureux de passer le flambeau» à Jean Castex, avant de lui souhaiter «beaucoup de réussite». «C'est une charge assez lourde mais connaissant votre intelligence, votre connaissance fine du pays, votre sincère attachement à l'Etat, votre sens politique comme votre rigueur intellectuelle, je n'ai aucun doute que vous saurez prendre les bonnes décisions», a-t-il déclaré.

La député insoumise Danielle Obono a commenté la nomination de Jean Castex, estimant que ce dernier aura pour fonction de «gérer l'intendance de fin de règne de la macronie comme il a préparé le déconfinement, en mode "Démerdez-vous, c'est chacun·e pour sa gueule, Jupiter reconnaîtra les sien·nes (sic)».

La passation des pouvoirs entre Edouard Philippe et son successeur Jean Castex est imminente. La cérémonie est censée commencer à 17h30.

«J’adresse mes félicitations à Jean Castex pour sa nomination à Matignon. J’espère beaucoup sur sa mobilisation pour qu’enfin Perpignan accède au train à grande vitesse ainsi que sur une défense de notre ruralité qui est en grande souffrance», a réagi Louis Aliot, le maire Rassemblement national de Perpignan.

Pour le secrétaire national d'Europe écologie - Les Verts (EELV) Julien Bayou, la nomination de Jean Catsex met fin à «un faux suspens, à un homme de droite succède un homme de droite, qu'on n'a jamais entendu sur l'écologie».

Dans un court communiqué publié sur le site de la ville de Prades, dont il est maire, le nouveau Premier ministre Jean Castex a réagi à sa nomination : «Le Président de la République m’a proposé de me nommer Premier ministre. Compte tenu des circonstances exceptionnelles dans lesquelles se trouve notre pays, j’ai accepté. Je mesure l’immensité de la tâche qui m’attend. Pour la remplir, je serai puissamment aidé par l’expérience acquise à votre côté en tant que maire et par le fort soutien démocratique que vous m’avez depuis longtemps manifesté.»

Selon le quotidien Le Monde, Jean Castex a, dans la foulée de sa nomination, appelé l'ancien président Nicolas Sarkozy, dont il a été secrétaire général adjoint de l'Elysée de février 2011 à mai 2012.

Jean Castex a démissionné ce 3 juillet des Républicains, selon un journaliste de Libération qui cite le parti.

Pour l'eurodéputé Rassemblement national Thierry Mariani, la nomination de Jean Castex «ne changera rien, comme en témoigne la volonté d'[Emmanuel] Macron de continuer la réforme des retraites».

«Voilà le grand choc démocratique tant attendu et l’époustouflante réinvention du Président de la République !», a réagi non sans ironie le cadre du Rassemblement national Julien Odoul.

Selon le journaliste de France Culture Frédéric Says, le directeur de cabinet du nouveau locataire de Matignon devrait être Nicolas Revel, qu'«Emmanuel Macron avait déjà tenté d'imposer à Édouard Philippe». «Cette nomination donne un indice sur la future autonomie (faible) de Jean Castex», soutient-il.

Pour le président du mouvement Les Patriotes, Florian Philippot, «la nomination du passe-muraille Jean Castex montre que Macron veut tout écraser». «Il veut jouer à l’hyper-président. Mais il reste un laquais de Bruxelles !», a-t-il estimé.

«Jean Castex, le multi casquette cumulard, ex-délégué aux Jeux olympiques, ex-secrétaire général de Sarkozy, nommé Premier ministre de l’ex-banquier, ex-secrétaire général de Hollande. La 5e République des lobbys continue...», estime l'élue parisienne Danielle Simonnet (LFI).

Pour l'eurodéputé insoumise Manon Aubry, la nomination de Jean Catsex, un «technocrate», est le signe qu'Emmanuel Macron ne compte pas changer le cap de sa présidence, et qu'il entend mener à terme la réforme des retraites.

«C'est un préfet de droite qui va faire une politique de droite avec une vision très technocrate de la politique», estime le député PCF de Seine-Saint-Denis Stephane Peu, qui ne pense pas que Jean Castex mettra en œuvre une politique de décentralisation et de confiance aux collectivités locales. «C'est presque antinomique avec la nature d'un préfet», estime l'élu.

Après la démission du gouvernement d'Edouard Philippe ce 3 juillet dans la matinée, le président de la République a nommé Jean Castex pour remplacer à Matignon celui qui vient d'être réélu à la mairie du Havre. Edouard Philippe quitte le gouvernement après trois années passées au poste de Premier ministre.

Au cours d'un entretien à l'Elysée la veille, les deux hommes «ont établi un constat partagé quant à la nécessité d'un nouveau gouvernement pour incarner une nouvelle étape du quinquennat, un nouveau chemin», a souligné l'Elysée auprès de l'AFP.

Ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy, Jean Castex, 55 ans, maire LR de Prades, est depuis avril le délégué interministériel chargé du déconfinement. «Il est un haut fonctionnaire complet et polyvalent qui aura à cœur de réformer l'Etat et de conduire un dialogue apaisé avec les territoires», a expliqué l'Elysée, qui le présente comme «l'homme de la situation». La présidence estime que le nouveau locataire de Matignon «saura mettre en œuvre les reconstructions évoquées par le chef de l'Etat dans ses dernières expressions dans le cadre du nouveau chemin [du quinquennat]».

Jean Castex est «parfaitement rompu aux arcanes parisiennes et fin connaisseur des réalités locales et territoriales [...] qui conjugue expérience de la haute fonction publique  – il est membre de la Cour des Comptes – et des mandats locaux : à la fois maire, président d'une communauté de communes et conseiller départemental», poursuit l'Elysée, estimant que «Paris et Prades, c'est un contraste important dans la période de reconstruction plurielle qui s'ouvre».