Le Parti communiste (PCF), Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN) sont les principaux partis à fustiger le 30 juin la fermeture définitive de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), faisant valoir que cette énergie émettait peu de gaz à effet de serre, qu'elle garantissait l'indépendance énergétique de la France ou encore que la disparition de la centrale privait de nombreux employés de leur travail.
La présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a ainsi tweeté que l'arrêt de Fessenheim était «une fausse bonne idée écologique, une basse manœuvre politicienne, un crime contre une filière d'excellence française, une atteinte à [la] souveraineté [française]» ou encore «un coup porté à l'emploi».
Le vice-président du RN, Jordan Bardella, a de même évoqué dans un communiqué : «un suicide écologique, énergétique et stratégique pour la France dont Emmanuel Macron portera la responsabilité pour les décennies à venir».
Le député LR du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger a été cinglant à l'Assemblée nationale, en s'adressant à Nicole Belloubet, ministre de la Justice : «Un crime contre le climat a été orchestré par le gouvernement [...] Vous avez étouffé Fessenheim au bénéfice du dogme et au détriment de l'environnement. Si le président de la République souhaite interroger l'intégration de l'écocide dans le droit français, je souhaite alors vous interroger en retour madame la ministre de la Justice sur son application à l'action du gouvernement.»
Chez LR également, l'ancien ministre Brice Hortefeux a dénoncé «une erreur totale, une erreur sociale», qui aura pour conséquence «la baisse de la production d'électricité propre» qu'il va falloir «remplacer par l'électricité produite au charbon notamment».
Nous allons devoir importer de l’électricité de l’Allemagne qui ouvre une nouvelle centrale à charbon à Datteln
A gauche, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a soutenu la CGT Fessenheim, syndicat qui déplore également la fermeture de la centrale. Pour le député communiste, «l’arrêt de la centrale engendrera l’émission supplémentaire de quatre à six millions de tonnes de CO2 par an». «Nous allons devoir importer de l’électricité de l’Allemagne qui ouvre une nouvelle centrale à charbon à Datteln», poursuit-il.
Une fermeture saluée du côté des Verts et des Insoumis
Sans surprise, le parti d'Ecologie Les Verts (EELV) fait partie de ceux qui se réjouissent de l'arrêt total du site industriel alsacien. Le porte-parole du parti, Julien Bayou, considère sur BFM TV que «c'est définitivement une journée historique pour l'écologie»
Du côté de La France insoumise (LFI), l'eurodéputé Manuel Bompard estime sur LCI, le 30 juin, qu'il faut progressivement fermer les réacteurs nucléaires pour «faire monter en puissance les énergies renouvelables».
Une fois n'est pas coutume, des membres de La République en marche (LREM) et du gouvernement ont exprimé une position proche de EELV et LFI. Sur France 2, la ministre des transports Elisabeth Borne affirme ainsi, à propos de la fermeture de la centrale nucléaire, qu'«il y a ceux qui disent et ceux qui le font». «La fermeture de Fessenheim, c'est une décision difficile mais nécessaire pour réduire notre dépendance au nucléaire», ajoute-t-elle.
Les associations se revendiquant de l'écologisme soutiennent elles aussi, en grande majorité, la fermeture de Fessenheim, à l'instar de Sortir du nucléaire. «C’est enfin la fermeture de cette centrale qu’on attendait depuis si longtemps. Pour autant on a un peu le triomphe sobre parce que c’est une étape, il y a encore 56 autres réacteurs à fermer. Il faut continuer à se battre», a déclaré Charlotte Mijeon, porte-parole de Sortir du Nucléaire.
Pour autant, les écologistes ne sont pas tous au diapason. L'association de défense de l'environnement Sauvons le Climat déplore, avec la fin de Fessenheim, une «dérive funeste» : «Nous réaffirmons que cette fermeture est une triple faute : une faute grave dans la lutte contre le changement climatique, le sacrifice d'un atout essentiel pour le pays et de 2 000 emplois hautement qualifiés [et] un risque important pour la garantie de fourniture d'électricité en France et en Europe.»
En outre, le 29 juin, plusieurs dizaines de manifestants favorables à l'industrie nucléaire s'étaient rassemblés devant le siège de Greenpeace à Paris.
La France veut ramener à 50% la part du nucléaire dans sa production d'électricité en 2035, ce qui implique l'arrêt de 12 réacteurs supplémentaires.