France

«Nous ne prônons pas la mendicité» : Kémi Seba critique le côté «victimaire» du mouvement BLM

L'activiste anticolonialiste Kémi Seba a défendu le concept de «Black Power», centré sur l'identité africaine, l'opposant au mouvement «victimaire» Black Lives Matter, qui sert selon lui les intérêts de la gauche néolibérale, et non des Noirs.

Dans une très rare apparition en France ce 26 juin, l'activiste panafricaniste Kémi Séba a livré son point de vue sur le mouvement Black Lives Matter et les répercussions de celui-ci, notamment dans l'Hexagone.

«Un bon nombre d'Afro-descendants ne se sentent pas représentés par cette terminologie de "Black Lives Matter", qui revient à dire "Eh les Blancs, la vie des Noirs compte !"», a-t-il ainsi expliqué lors d'une conférence de presse. «Entre "black power" et "Black Lives Matter", nous préférons le pouvoir noir. Nous prônons l'autodétermination communautaire. Nous ne prônons pas la mendicité vis-à-vis des autres», a-t-il poursuivi, jugeant ce mot d'ordre du mouvement de contestation parti des Etats-Unis comme étant «victimaire». 

«Assa Traoré est notre sœur, mais nous disons clairement que le processus d'intégration dans lequel elle s'inscrit, notamment avec La France insoumise, on ne se reconnaît pas dedans», a-t-il déclaré au sujet de la figure de proue actuelle de la mobilisation antiraciste en France.

Nous avons marre de ce paternalisme exacerbé, de cette gauche qui pendant des années nous a fait croire qu'elle était notre amie, alors qu'en réalité elle était toujours là pour nous manipuler

L'activiste a ainsi longuement détaillé le danger que fait peser selon lui sur sa cause le fait de s'allier à une gauche qui n'entend que récupérer le combat des Noirs pour ses propres intérêts : «On ne se reconnaît pas dans les forces néolibérales de gauche, ou de prétendue extrême gauche, qui disent vouloir accompagner notre communauté. Nous en avons marre de ce paternalisme exacerbé, de cette gauche qui pendant des années nous a fait croire qu'elle était notre amie, alors qu'en réalité elle était toujours là pour nous manipuler, et pour qu'on soit les "tirailleurs" vis-à-vis de leurs intérêts.»

D'après Kémi Séba, de la même manière qu'aux Etats-Unis «on instrumentalise la souffrance des Noirs pour que le vote des Noirs atterrisse dans les mains de Joe Biden», La France insoumise, avec «son mariage quelque peu étrange avec la gauche néolibérale représentée par les Inrockuptibles», est en train de «créer un cordon sanitaire autour de la prétendue cause noire en France».

«L'objectif est de nous pousser dans un processus d'oubli de nous-même, d'intégration, sans que nous puissions revendiquer notre identité», met en garde l'activiste.

Son mouvement a annoncé soutenir sous forme de bourses d'éventuelles actions coup de poing en Afrique dans les semaines à venir contre les symboles hérités, selon lui, de la période coloniale. «Nous ne sommes pas obsédés par la volonté de détruire des statues en France, mais sur le continent africain, nous allons chasser tous les symboles qui portent des noms coloniaux», a fait savoir Kémi Séba.