France

Stock de masques : Jérôme Salomon était averti de la pénurie dès 2018

Un courrier que s'est procuré Libération démontre que le directeur général de la Santé avait été prévenu du problème de stock de masques dès 2018 et qu'il lui avait été recommandé de les reconstituer, ce qui fait vaciller la version du gouvernement.

Ce 18 juin,Libérationrévèle un nouvel élément accablant pour l'exécutif vis-à-vis de sa gestion du stock de masques, sur le devant de la scène après plusieurs mois de crise du Covid-19. Alors que le ministre de la Santé Olivier Véran se défausse depuis le début de la crise sur les précédents gouvernements pour justifier un stock trop faible, un courrier vient remettre en question cette position.

Datée du 26 septembre 2018, cette lettre adressée par François Bourdillon, directeur entre 2016 à 2019 de Santé publique France (SPF), l’agence chargée de la gestion des stocks stratégiques de l’Etat, montre que le directeur général de la Santé Jérôme Salomon avait été averti en des termes très clairs de la pénurie de masques, et des risques en cas de crise sanitaire.

«Les contrôles des masques chirurgicaux ont mis en évidence une non-conformité de la norme en vigueur sur un minimum de 60% des stocks, ce qui ne permet de disposer de moyens de protections contre une éventuelle pandémie», alerte ainsi François Bourdillon dans sa lettre, après un audit sur l’état du stock de 750 millions de masques chirurgicaux.

Le directeur de SPF demande alors sans ambiguïté à Jérôme Salomon de régler le problème au plus vite : «Dans ces conditions, il est important qu’une doctrine soit rapidement établie par vos services pour que les éventuelles acquisitions des produits soient mises en œuvre afin de disposer d’un stock avant le deuxième semestre 2019.» En se basant sur un rapport d'experts, François Bourdillon évalue ce besoin à «20 millions de boîtes, soit près d’un milliard de masques». Pourtant, «à peine plus de 30 millions seront commandés et livrés avant le début de l’épidémie de Covid, qui se déclare en Chine fin 2019», comme le rappelle Libération.

Le 17 juin, devant la commission d’enquête parlementaire consacrée à la gestion de la crise du coronavirus par le gouvernement, Jérôme Salomon n'a pas été capable d'expliquer pourquoi les stocks n’avaient pas été reconstitués alors même que l'essentiel des masques à disposition étaient périmés.

«Cela nous a énormément surpris», a-t-il simplement déclaré. Il devrait à nouveau être entendu au cours de cette commission d’enquête.