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Le candidat LR à la mairie d'Orléans a-t-il mené campagne... en offrant 80 000 masques ?

Précaution sanitaire ou opération de campagne ? L'ex-maire d'Orléans et candidat aux municipales Serge Grouard a distribué des dizaines de milliers de masques entre les deux tours. Des journalistes s'interrogent sur «la régularité de l'opération».

L’ancien maire d’Orléans (Centre-Val de Loire) Serge Grouard, candidat Les Républicains (LR) aux élections municipales, dont le second tour se tiendra le 28 juin, a distribué durant l'entre-deux-tours un stock de 80 000 masques chirurgicaux commandés par l'Association des maires du Loiret, grâce à des dons d’entreprises.

Simple geste citoyen ou opération de communication dans le cadre de la campagne électorale ? C'est la question que se posent les cellules investigation de Radio France et de France Bleu Orléans qui ont enquêté sur cette affaire. En effet, le journaliste Sylvain Tronchet estime, sur France info ce 16 juin, que «le montage de cette opération, et la communication qui l’a accompagnée, font planer le doute sur la régularité du financement de la campagne».

L’enquête journalistique révèle ainsi que début mai, en pleine épidémie de Covid-19, Serge Grouard et plusieurs de ses colistiers ont multiplié les distributions de masques chirurgicaux, avec force communication sur les réseaux sociaux et dans les médias. L'équipe du candidat aurait ainsi pris attache avec différents ordres médicaux et organisations professionnelles, dont l’ordre des médecins du Loiret, celui des dentistes, des kinésithérapeutes, des infirmiers, le syndicat des pharmaciens, mais aussi le syndicat des restaurateurs UMIH et les taxis d’Orléans, pour leur fournir des masques. 

Problème : l'acquisition de ces masques distribués constitue-t-elle une dépense de campagne ?

«Un candidat se retrouvant à la tête d’un stock de plusieurs dizaines de milliers de masques dans l’entre-deux-tours est a priori un cas unique en France», résume Sylvain Tronchet.

Joint par les auteurs de l'enquête, Serge Grouard se défend d'avoir mené une opération de campagne en arguant que la campagne municipale était à ce moment-là suspendue en raison de la crise sanitaire. Mais de son côté, le journaliste conteste : «D'un point de vue réglementaire, la commission nationale des comptes de campagne [...] a même écrit aux candidats pour dire que la campagne n'était pas suspendue et elle a même rehaussé les plafonds de financement de campagne.»

Le don de l'Association des Maires du Loiret 

L'enquête rédigée par Sylvain Tronchet s’intéresse particulièrement au rôle joué dans cette affaire par l'Association des Maires du Loiret (AML), qui a passé la commande des masques. «Si les masques sont une dépense de campagne, ils ne peuvent pas être donnés par une association», rappelle Sylvain Tronchet. Il est en effet interdit pour un candidat de recevoir un don d’une personne morale, quelle qu’elle soit, entreprise ou association. En dernière instance, il appartiendra à la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques d'examiner la situation du candidat Grouard au moment où il déposera ses comptes, c'est-à-dire, au plus tard, le 11 septembre.