L'écologiste Agnès Langevine (EELV) et le marcheur (LREM) Romain Grau, respectivement arrivés troisième et quatrième au premier tour des municipales à Perpignan, ont ouvert la voie à un duel le 28 juin entre le candidat du Rassemblement national (RN) Louis Aliot et le maire Les Républicains (LR) sortant, Jean-Marc Pujol.
Un devoir républicain de salubrité publique
Les deux désistés avaient l'un et l'autre peu de chances de remporter la bataille, ayant recueilli respectivement lors du premier tour 14,51% et 13,7% des voix. Le 30 mai, Agnès Langevine a ainsi déclaré à l'AFP que ce retrait était «un devoir républicain de salubrité publique». «J’appelle tous les électeurs à user de leur vote pour confiner définitivement les ambitions du candidat du Rassemblement national et à voter pour la liste qui lui reste opposée», a-t-elle ajouté. L'écologiste assimile également le vote RN à «un choix mortel» : «Celui du déclin de la ville, du repli identitaire et du déconfinement de la haine.»
Le 28 mai, c'est le candidat LREM Romain Grau qui avait renoncé, un «retrait républicain», selon lui, visant également à empêcher le parti lepéniste de s'emparer de la mairie de cette ville de 121 000 habitants.
Ces attitudes ont été tournées en dérision par Louis Aliot. Peu avant l'annonce de la candidate écologiste, le député des Pyrénées-Orientales a dénoncé auprès de l'AFP une «escroquerie» : «Leur front républicain est une véritable escroquerie qui permet à un système failli et corrompu de se maintenir en place.» Il argumente : «Pas facile de faire une campagne venimeuse anti-Pujol, puis de se désister et d'appeler à voter pour lui. L'automatisme du front républicain ne fonctionne plus, depuis que j'ai été élu député [en 2017].»
Une macroniste soutient... le Rassemblement national
Pour autant, Louis Aliot a obtenu un soutien inattendu. Une conseillère municipale et colistière du macroniste Romain Grau a refusé le barrage anti-RN. Sur Facebook, Josiane Cabanas dévoile clairement son choix en faveur du candidat du parti populiste : «Pour moi, c’est non au front républicain, oui à Louis Aliot», affirme-t-elle, ajoutant : «Nul n'est maître des voix des électeurs : le vote est notre espace de liberté le plus sacré et un front républicain, antidémocratique par nature, ne peut que le flétrir.»
Ce «front républicain» visant à faciliter la victoire du candidat LR Jean-Marc Pujol sera-t-il de fait un coup d'épée dans l'eau ? L'écart entre les deux premiers au premier tour est en effet conséquent. Louis Aliot a recueilli 35,65% des voix, soit plus de 15 points d'avance sur l'édile sortant (18,43%). En 2014, ces deux prétendants étaient déjà arrivés en tête lors du premier tour, avec un écart nettement plus resserré (34% pour Louis Aliot, 30,5% pour Jean-Marc Pujol), le candidat LR l'emportant alors au second tour avec 55% des voix, grâce au désistement d'un candidat socialiste.
En outre, Louis Aliot peut s'appuyer sur sa victoire aux législatives de 2017, en pleine vague macroniste. Recueillant 30,8% des voix au premier tour, il était parvenu à rester en tête au second, en battant de moins d'un point (50,56%) la candidate centriste Modem Christine Espert.