Le gouvernement devrait lancer dans les jours qui viennent l'application de traçage StopCovid après que celle-ci a reçu l'aval du Parlement, dans la soirée du 27 mai.
Les députés ont approuvé ce projet controversé à une confortable majorité, par 338 voix contre 215, et 21 abstentions. Au Sénat, 186 sénateurs ont voté pour, dont une majorité du groupe LR, 127 ont voté contre et 29 se sont abstenus. Devant les deux chambres du Parlement, le ministre de la Justice Nicole Belloubet a longuement insisté sur les «garanties» entourant cette application «temporaire, d'installation volontaire, non identifiante et transparente».
A la tribune, le gouvernement a en effet insisté sur l'ensemble des «garanties» entourant l'application. StopCovid est «un outil au service du citoyen», a assuré Nicole Belloubet : une application «temporaire, d'installation volontaire, non identifiante et transparente». Selon le secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O, «StopCovid n'est pas magique» mais «offre un complément utile et nécessaire» aux équipes sanitaires, qui retracent les personnes en contact avec des malades du coronavirus.
En substance, cet outil controversé de traçage doit permettre à une personne positive au coronavirus d'alerter automatiquement tous les utilisateurs avec lesquels elle a eu un «contact prolongé» récemment, afin qu'ils se fassent tester à leur tour.
Un pas de plus vers un société «orwellienne»
Autre son de cloche du côté de l'opposition – à droite comme à gauche – qui a marqué son désaccord avec la mise en place de cette application, jugée au mieux inutile, au pire liberticide. «Je fais partie de ceux qui ne veulent pas qu'on sache près de qui j'étais à moins d'un mètre, pendant plus d'un quart d'heure. C'est le temps d'un baiser. Ça ne vous regarde pas», a notamment lancé le leader des insoumis Jean-Luc Mélenchon. Le chef de file de Les Républicains Damien Abad a pour sa part dénoncé «une application mort-née, qui arrive trop tard» et un «pas de plus même prudent» vers une société «orwellienne». Cinq «marcheurs» ont également voté contre l'application, et 13 autre se sont abstenus.
«L'application pourra être disponible dès ce week-end», afin d'accompagner la deuxième phase du déconfinement le 2 juin, avait fait savoir la veille dans une interview au Figaro le secrétaire d'Etat au numérique Cédric O. Celle-ci n'est pas obligatoire, et son installation s'effectue sur la base du volontariat. La Cnil avait donné son feu vert à la mise en place de l'application. Dans son avis publié le 26 mai, la Cnil estimait en effet que StopCovid respectait les différentes dispositions législatives relatives à la protection de la vie privée, et formulait quelques dernières recommandations pour sa mise en place.
Toutefois, de l'association La Quadrature du Net à la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), plusieurs organisations de défense des libertés avaient pris position contre l'application.