France

Ventes de masques : le président de la Région Paca met en cause la grande distribution

Après avoir été traités de «profiteurs» par sept présidents d’organisations de santé, les professionnels du commerce sont mis en cause par Renaud Muselier qui évoque «des stocks cachés» et menace de porter plainte.

Les noms d’oiseau avaient volé bas, pendant le weekend précédent, entre les associations de professionnels de la santé et la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Dans un texte daté du 1er mai, cette dernière dénonçait «un communiqué outrancier et diffamatoire sur la vente de masques "grand public" par les enseignes de la grande distribution».

La FCD faisait référence à une tribune intitulée «Les masques tombent» publiée la veille, au nom de sept organisations de professionnels de la santé parmi lesquelles l’Ordre national des médecins. Dans ce texte d’une rare virulence, les représentants des pharmaciens et de diverses catégories de soignants, comme les infirmiers, semblaient reprocher à la grande distribution la pénurie de masques dont ils auraient souffert ainsi que leurs patients.

La FCD rétorquait alors que «les enseignes de la grande distribution ne sont pas, et n’ont jamais été, en charge de l’achat et de la fourniture de masques pour les soignants». Il est vrai que c'est bien l'Etat qui sur son stock doit approvisionner hôpitaux ou pharmacies, en deux catégories de masques : les masques anti-projections (de type chirurgical) principalement destinés aux malades contagieux, et les masques de protection de type FFP2 destinés aux personnels soignants.

les masques anti-projections sont livrés aux pharmacies d’officine à partir du stock d’Etat [...] Ils sont délivrés gratuitement aux patients, sur prescription médicale

A propos des premiers, une fiche mémo du ministère de la santé toujours en ligne précise que «les masques anti-projections sont livrés aux pharmacies d’officine à partir du stock d’Etat [et qu’] Ils sont délivrés gratuitement aux patients, sur prescription médicale». A propos des seconds la fiche du ministère précise que «pour répondre aux besoins en masques FFP2 des professionnels de santé libéraux, un stock national a été constitué ».

Plainte pour «mise en danger»

Depuis, une polémique portant sur des «stocks cachés» a été ouverte par le président LR de la Région Sud (anciennement PACA). Ce dernier sous-entend que pour être en mesure d’annoncer le 24 avril la vente, dès le 4 mai, d’une grande quantité de masques, les groupe de distribution disposaient de stocks cachés. Il l’a écrit dès le 2 mai sur son compte twitter en publiant un extrait du journal télévisé de France 2 où il intervient et a depuis répété ses déclarations sur d’autres chaines de télévision.

Interrogé le 4 mai par la station de radio Europe 1, l’élu dénonce aussi «une guerre de com' engagée avec le soutien du gouvernement » et menace de porter plainte pour «mise en danger de la vie d’autrui». Sur les ondes de la même radio, la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher a dénoncé «un procès inapproprié» et «une très mauvaise polémique», expliquant en outre que lorsque la grande distribution annonce 500 millions de masques, «d'abord on fait la confusion entre les masques textiles et chirurgicaux, et ensuite elle prend ses volumes pour les 4 mois qui viennent».

Sur France Inter, le jour même le ministre de l’Economie et des Finances avait  également réagi sur France Inter en dénonçant «une mauvaise polémique».