France

Manque de moyens, mesures contradictoires : les opérateurs de transports redoutent le déconfinement

Les patrons de plusieurs sociétés de transport s'unissent pour alerter le chef du gouvernement sur le défi qui les attend à l'approche du déconfinement : un courrier sans concession va jusqu'à envisager «une suspension de l'exploitation»...

Le déconfinement fait l'objet de vives appréhensions au sein des principaux opérateurs de transport public dont les patrons ont décidé d'adresser un courrier au Premier ministre, comme le rapporte ce 3 mai le magazine Le Point, afin de tirer la sonnette d'alarme sur la situation qui s'annonce, en l'absence d'une limitation forte du flux par le gouvernement.

En substance, les chefs de la RATP, la SNCF, Transdev ou encore Keolis, pointent un manque de moyens et déplorent l'existence de contradictions dans la mission qui leur a été confiée à l'occasion du déconfinement. De fait, lors de son oral à l'Assemblée nationale le 28 avril, Edouard Philippe avait évoqué plusieurs mesures devant être prises par les régies de transport d'ici la fin du confinement. Mesures pour lesquelles il faudrait, selon les auteurs de la lettre, redéfinir «une déclinaison locale en fonction des spécificités de chaque bassin de mobilité et des moyens à la disposition de chaque opérateur de transport».

Mises en garde avant «une suspension de l'exploitation» ?

«Après plusieurs jours de travail et de concertation avec l'ensemble des parties prenantes, il apparaît que les transporteurs ne disposent pas, aujourd'hui, des moyens humains et des matériels de nature à satisfaire leur obligation [qui] ne saurait être respectée sans une très forte limitation du flux», alerte par exemple la missive citée par Le Point.

«Même en remontant notre offre de transport, l'espacement d'un mètre conduirait les opérateurs à un niveau de service extrêmement réduit et, en tout état de cause, déceptif pour les usagers. Paradoxalement, une telle offre [serait] contradictoire avec l'objectif de déconfinement», affirment également les auteurs du courrier, qui souhaiteraient «des mesures [...] appropriées au réseau de transport auquel elles s'appliquent» : «A défaut, il est de notre responsabilité de vous informer qu'elles ne pourront être mises en œuvre et conduiront à la suspension de l'exploitation», peut-on encore lire dans ce courrier.

En outre, soulignant l'existence d'un contexte propice aux «tensions sociales» les auteurs de la lettre évoquent des risques de «troubles» et appellent à «limiter drastiquement les flux [d'usagers] en amont». A ce sujet, ils jugent indispensable «la mobilisation des forces de l'ordre, nationales et municipales».