Le coronavirus est particulièrement meurtrier pour les personnes âgées, qui figurent parmi les premières victimes de la maladie. Un Ehpad de Mars-la-Tour, en Meurthe-et-Moselle, en a fait la tragique expérience : en deux semaines, 22 résidents sur 51 sont décédés, probablement en raison d'une infection au Covid-19, selon la directrice de l'établissement, Stéphanie Rémiatte.
Cette dernière a rapporté les faits le 20 avril à l'AFP : «Le 2 avril, nous avons eu deux décès et après plusieurs. On savait qu'il y avait beaucoup de résidents symptomatiques». Mi-avril, une équipe du centre hospitalier de Nancy avait testé 33 résidents sur 34 : 26 étaient positifs et sept négatifs au Covid-19. La semaine dernière, quatre résidents ont été transférés dans les hôpitaux de deux villes à proximité, Jœuf (Meurthe-et-Moselle) et Moyeuvre-Grande, (Moselle).
«Il reste 25 résidents. Le virus a été fulgurant : certains résidents n'étaient même pas symptomatiques et en deux heures, leur état de santé se dégradait fortement», a relaté la directrice de l'Ehpad situé dans le Parc naturel régional de Lorraine. L'établissement avait pourtant interdit les visites des familles dès le 9 mars, soit deux jours avant la consigne gouvernementale, et imposé un confinement strict à ses pensionnaires dès le 16 mars. «Mais ça n'a pas suffi car nous avons 11 chambres doubles, ce qui ne facilite pas l'isolement, et beaucoup de résidents sortent de leur chambre et déambulent dans les couloirs», a expliqué Stéphanie Remiatte, avant d'ajouter : «Nous ne sommes pas armés face à ce genre de crise sanitaire, il faut gérer l'urgence.»
Elle a précisé qu'un accompagnement psychologique avait été mis en place pour le personnel, qui dénombre en outre 19 personnes infectées sur 52.
Décès : un impossible décompte ?
Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a annoncé le 19 avril, lors d'une mise au point sur la situation sanitaire liée au Covid-19, que 7 649 résidents en Ehpad étaient décédés depuis début mars. Mais les chiffres relatés sont-ils complets ? En pleine crise, la mortalité parmi les personnes âgées s'avère en tout cas particulièrement difficile à évaluer.
Les décès à domicile ne sont par exemple pas connus et, partant, pas intégrés aux statistiques officielles. Au début de l'épidémie en France, le nombre de personnes décédées en Ehpad et en établissements médico-sociaux ne figurait par ailleurs pas dans le décompte national officiel. Il a par la suite été intégré sur base d'une remontée d'informations faites les établissements, mais quel est le degré de précision de ces données ? Difficile, pour l'heure, de le savoir, puisque, comme le souligne le journal La Provence, «les tests post-mortem ne sont pas pratiqués, notamment dans les Ehpad, où les décès ne remontent encore que partiellement dans les statistiques officielles.»
Le ministre de la Santé Olivier Véran, qui s'est lui aussi exprimé le 19 avril, avait annoncé que la campagne de tests en Ehpad, annoncée une quinzaine de jours plus tôt, avait débuté. «Cette semaine, 50 000 tests ont été programmés et réalisés dans les Ehpad», a-t-il expliqué. La décision a été saluée par l'AD-PA, une association de directeurs d'Ehpad, et qualifiée de «très encourageante, compte tenu du nécessaire prolongement du confinement sur les semaines à venir».