Le 14 avril, le tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine) a décrété que l'entreprise Amazon, accusée de ne pas suffisamment protéger ses salariés, devait temporairement se limiter à la vente de produits de première nécessité dans un délai de 24 heures sous peine d'une d'amende d'un million d'euros par jour de retard et par infraction. Le géant américain, qui compte faire appel de la décision, a annoncé ce 15 avril à l'issue d'un Comité social et économique central (CSE) une fermeture provisoire de ses entrepôts français, afin de conduire l'évaluation des risques qui a été ordonnée.
Un «effet d'affichage» redoute le co-délégué de Sud Commerce, Laurent Degousée. «Par exemple Amazon nous a dit : "on va plus loin que ce que préconise le gouvernement, la distance sociale chez nous est de deux mètres". Sauf qu'il a été prouvé par l'inspection du travail que cette distance on ne peut pas la tenir. De la même manière Amazon va plus loin que ce que dit la décision judiciaire, même s'il a fallu les en contraindre …»
Nous étions face à des salariés qui présentaient les symptômes du coronavirus ou d'autres testés positifs, l'un d’entre eux étant toujours en réanimation.
Le tribunal de Nanterre avait été saisi par les syndicats, inquiets pour la santé des salariés. Le co-délégué du syndicat principal précise : «Je ne dis pas qu’Amazon ne fait rien depuis trois semaines mais dans un entrepôt il y a une promiscuité considérable. Nous étions face à des salariés qui présentaient les symptômes du coronavirus ou d'autres testés positifs, l'un d'entre eux étant toujours en réanimation».
Le tribunal a également contraint Amazon à réaliser une évaluation des risques.
Amazon se déclare «perplexe» quant à cette décision de justice, «compte tenu des preuves concrètes qui ont été apportées sur les mesures de sécurité mises en place pour protéger nos employés» sur Twitter. L'entreprise rappelle avoir notamment mis en place des contrôles de température et distribué des masques.
Toutefois les conditions de travail ne sont pas les seules préoccupations des salariés. Certains ont exercé leur droit de retrait et se retrouvent sans rémunération. «Je vais parler d'une autre multinationale, par exemple Apple a fait savoir qu'ils fermaient leurs magasins et qu'ils indemnisaient de leur propre poche à hauteur de 100 % le personnel. J'invite Amazon à appliquer la même politique vertueuse», recommande Laurent Degousée.
Qu'à cela ne tienne, Amazon annonce proposer une demande de convention de chômage partiel pour ses salariés à l'administration, et précise assurer leur rémunération à 100%.