France

Covid-19 : les annonces d'Emmanuel Macron ne dissipent pas les inquiétudes de l'opposition

Dans son discours aux Français, Emmanuel Macron a annoncé la prolongation du confinement jusqu'au 11 mai. Toutefois, l'incertitude demeure quant au plan concret de sortie de crise du gouvernement. Plusieurs membres de l'opposition s'inquiètent.

Emmanuel Macron s'est adressé ce 13 avril aux Français pour aborder la crise du Covid-19, qui a fait près de 15 000 décès dans le pays.

Prolongement du confinement, mise à disposition de masques et généralisation des tests pour les personnes présentant des symptômes à compter du 11 mai figurent parmi les principales annonces du chef de l'Etat, qui a par ailleurs reconnu des «ratés» dans la gestion de crise. Toutefois, l'incertitude demeure quant à ce qui adviendra effectivement le 11 mai, comme l'ont noté plusieurs membres de l'opposition.

«Il vient d'annoncer un déconfinement à la date du 11 mai, mais un déconfinement sans planifier les conditions du déconfinement, c'est extrêmement dangereux ! Ma première réaction c'est de dire aux gens : surtout restez confinés», a réagi Jean-Luc Mélenchon sur TF1. Sur Twitter, le chef de file de La France insoumise a dénoncé une «politique hasardeuse» et s'est interrogé sur la possibilité d'une deuxième vague du virus.

Interrogée sur RT France, la députée du même parti Danièle Obono a estimé : «Le discours de Macron a donné une date de déconfinement mais pas les moyens.» La femme politique espère que le déconfinement annoncé sera progressif et ciblé, et fera primer le bien-être des citoyens français sur la «volonté de profit».

A droite, Nicolas Dupont-Aignan, du parti Debout la France, s'est inquiété du manque de préparation d'un potentiel déconfinement progressif. Sur RT France, il a ainsi dénoncé «une débâcle en termes de production nationale, en termes de tests, de médicaments».

«L'autojustification d'Emmanuel Macron nous plonge dans le flou sanitaire et économique, ne remet rien en cause de l'UE et ne répond pas aux vraies questions (retards commandes de tests et masques, annulations de charges pour les PME, tests en Ehpad..)... Brouillon et pas à la hauteur», a twitté Sébastien Chenu, porte-parole du RN.

Christian Jacob, président des Républicains cité par l'AFP, estime pour sa part : «Emmanuel Macron s'est livré à un exercice pédagogique indispensable, il a esquissé un calendrier sur le déconfinement sur la base de données scientifiques, il va falloir maintenant que l'intendance et la logistique suivent. Tout cela va dépendre de sa capacité à réellement sonner la mobilisation générale. Les mots ne suffiront plus. On voit le retard que l'on a pris sur les masques, les équipements, les tests... Il faut maintenant anticiper le redémarrage de l'économie, secteur d'activité par secteur d'activité.»

Du côté des écologistes, Julien Bayou remarque sur Twitter : «Macron décide de prolonger le confinement jusqu'à la date du 11 mai. Pourquoi prendre seul une décision si lourde, pourquoi l'Assemblée n'a-t-elle pas son mot à dire ? Macron : "Tester tous les Français n'aurait pas de sens". Et les asymptomatiques ? Et les personnes qui pensent avoir eu le coronavirus ? Caler les consignes sanitaires sur les capacités de tests est une folie.»

Tandis que La République en marche a logiquement salué les annonces du président français, promettant, par la voix du patron des députés de ce parti Gilles Le Gendre, d'être «à ses côtés pour bâtir le "projet de concorde" et de "refondation de l'après"», l'ex-marcheuse Agnès Thill appelle de son côté à la prudence, même si elle apprécie une certaine franchise de la part d'Emmanuel Macron concernant les difficultés auxquelles le pays fait face. «L'espoir renaît, mais rien n'est acquis», estime-t-elle.