Au moment où, sur les réseaux sociaux, le président de la République multiplie ses publications appelant à une «France unie» face au coronavirus, la pilule passe mal pour certains, particulièrement au sein du corps médical. Sophie Rainville, infirmière libérale dans le département du Gard, a ainsi publié le 31 mars une vidéo sur Facebook dans laquelle elle adresse à Emmanuel Macron de sévères remontrances concernant sa gestion de la crise sanitaire du Covid-19.
J'accuse le président de la République d'envoyer son armée blanche au combat, à mains nues, sans armes
Elle lui reproche plus particulièrement le «mépris» qu'il porte, selon elle, aux personnels soignants.
«J'accuse le président de la République de non-assistance aux soignants en danger de mort dans l'exercice de leurs fonctions. J'accuse le président de la République d'envoyer son armée blanche au combat, à mains nues, sans armes, c'est-à-dire sans masques FFP2 et autres protections indispensables pour se défendre et pour soigner», incrimine la soignante d'Uzès, ville d'Occitanie de près de 10 000 habitants.
«Vous ne méritez pas votre peuple», «vous nous avez trahis»
Et Sophie Rainville d'égratigner le gouvernement dans son ensemble, qu'elle tient pour responsable du «génocide des blouses blanches sur l'autel de la mondialisation». «A chaque décès, c'est le corps soignant entier qui pleure et qui saigne», déplore l'infirmière.
«Vous ne méritez pas votre peuple [...] ce peuple si fraternel lui, ces soignants qui alertent, qui crient, hurlent, pleurent ; vous restez sourd à nos appels, vous en êtes méprisant monsieur, vous nous avez trahis. A jamais le sang de ces hommes et ces femmes en blouses blanches restera indélébile sur vos mains criminelles», déclare-t-elle encore, tout en remerciant «la nation» : «Celle-là même qui nous applaudit tous les soirs et qui de ses mains d'or, réalise des masques, prépare des repas [...] et respecte le confinement.»
Pénurie de masques pour les soignants, manque de dispositifs matériels pour la prise en charge des patients, impossibilité pour les Français d'accéder massivement aux tests de dépistage Covid-19... Alors que la France est frappée de plein fouet par la pandémie, l'exécutif voit les critiques s'accumuler concernant la détresse qui traverse le système de santé du pays. Un profond malaise sur lequel le milieu hospitalier tente pourtant d'interpeller le gouvernement depuis maintenant près d'un an, dans le cadre d'un mouvement social inédit, celui des urgentistes.