Alors que l'épidémie de Covid-19 continue ses ravages sur le territoire français, les élus ne sont pas épargnés. Au moins deux maires ayant participé à la tenue du premier tour des élections municipales le 15 mars dernier sont décédés de la maladie.
Le premier, Jacques Lajeanne, maire de Beurey-Bauguay (Côte-d'Or) est tombé malade selon son premier adjoint (par ailleurs lui aussi atteint du Covid-19) «une semaine après» avoir assisté aux opérations de vote du premier tour des municipales. L'édile, qui ne s'est pas représenté mais qui était encore en poste, est décédé dans la nuit du 25 au 26 mars à l'hôpital de Dijon.
Le maire allait précédemment «souvent» rendre visite à l'hôpital à sa femme, elle-même atteinte du virus et dans un état «grave», selon le premier adjoint.
«Je connaissais bien Jacques Lajeanne [...] son épouse vient de le rejoindre dans la mort hier», a déclaré le sénateur LR Alain Houppert sur RT France.
Dans le Bas-Rhin, le maire de Saint-Nabor, François Lantz, a lui aussi succombé à la maladie le 27 mars. Deux de ses adjoints sont également malades. «On a tous les trois ressenti des symptômes le lundi après les élections. On était déjà contaminés avant je pense», a estimé Régis Muller, son premier adjoint auprès des Dernières nouvelles d'Alsace.
«Josiane Chevalier, préfète de la région [Grand Est], préfète du [Bas-Rhin] s'associe à la douleur et à la peine de la famille de François Lantz, maire de Saint-Nabor, décédé ce vendredi du coronavirus», a écrit sur Twitter la préfète du Bas-Rhin en hommage à l'édile.
«Notre amitié s’était développée au fil des années et j’ai ce soir beaucoup de peine», a écrit de son côté le député Les Républicains du Bas-Rhin Laurent Furst sur Facebook.
François Lantz, qui lui non plus ne s'était pas présenté à sa succession, était présent lors du premier tour du scrutin.
Un premier tour controversé
Ces décès surviennent sur fond de polémique liée à la décision du gouvernement de maintenir le premier tour des élections municipales, alors que des mesures de confinement avaient déjà été annoncées pour contrer la diffusion du Covid-19.
Plusieurs assesseurs et participants au scrutin sont tombés malades après sa tenue. C'était par exemple le cas du maire de Nice, Christian Estrosi.
«Si nous avons pris cette décision [de maintenir le scrutin] c'est en écoutant les scientifiques et nous avons la conviction que nous pouvons organiser dans de bonnes conditions le premier et le second tour [les 15 et 22 mars]», avait déclaré le Premier ministre le 13 mars, soit deux jours avant la tenue du premier tour.
«Cette décision a fait l'objet d'un accord unanime», avait justifié le président le lendemain du premier tour, le 16 mars, annonçant au passage que le second tour du scrutin serait reporté.
L'opposition conteste pourtant avoir été consultée par l'exécutif sur cette décision, comme Emmanuel Macron l'affirmait.
«On trouvera les responsabilités après [...] ce que j'ai vu en tout les cas dans les bureaux de vote, le pire c'était le dépouillement», a déclaré pour sa part le sénateur Alain Houppert auprès de RT France.
«Je pense que la peur qu'il y ait un frein à la démocratie dans l'opinion a gagné, c'est là aussi une sorte de virus», a finalement estimé l'élu pour qui l'heure n'est pas à la polémique, mais à la mobilisation des efforts pour contenir l'épidémie.
Des candidats et militants LR de Marseille déposent plainte
Le 28 mars, le JDDa annoncé qu'une plainte visant le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur allait être déposée par des candidats et militants LR des XVe et XVIe arrondissements de Marseille, tombés malades pour certains après le scrutin.
Ces derniers reprochent à l'exécutif une «entrave intentionnelle aux mesures d'assistance», en ayant maintenu le premier tour des élections. Les plaignants non infectés reprochent quant à eux aux deux ministres un «préjudice d'anxiété». L'objectif de cette procédure, selon leur avocat Nabil Boudi, est de permettre l'ouverture d'une enquête pour déterminer si il y a eu une défaillance «ou pas» du gouvernement.
D'autres élus emportés par la maladie
Le 27 mars, le vice-président du Grand Reims et maire de la commune de Saint-Brice-Courcelles (Marne) Alain Lescouet a lui aussi succombé à la maladie.
«Hospitalisé depuis lundi en raison d'une infection au coronavirus, [...] Monsieur [Alain] Lescouet est décédé au CHU de Reims», a déclaré à l'AFP la présidente LR de la communauté urbaine du Grand Reims Catherine Vautrin.
«Mes plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et aux Bricocorcéliens», a pour sa part déclaré sur Facebook le maire LR de Reims, Arnaud Robinet. Maire depuis 1983, l'élu de 74 ans venait d'être reconduit à la tête de sa commune avec 73,15% des suffrages exprimés.
Le 28 mars, l'ancien ministre et président du conseil général des Hauts-de-Seine Patrick Devedjian est décédé à son tour des suites d'une infection au coronavirus.