France

«Des limites à l'indécence» : des SDF verbalisés à Lyon selon le Samu, le préfet dément

Le Samu social du Rhône, cité par Le Progrès, affirmait que des SDF lyonnais avaient été verbalisés pour ne pas avoir respecté le confinement. Mais après ouverture d'une enquête, le préfet dément.

Le 19 mars, Le Progrès a rapporté dans l'après-midi que le Samu social du Rhône avait recensé «quatre ou cinq» cas de verbalisation de personnes sans domicile fixe. L’organisme a affirmé avoir immédiatement alerté la Préfecture sur ces faits. «Il faut que le Préfet fasse stopper cela, il y a des limites à l’indécence», s'est indignée Maud Bigot, responsable Samu social Alynea. Le 20 mars, le préfet a démenti l'information reprise par de nombreux médias, écrivant sur Twitter : «L’enquête interne diligentée à la demande du préfet a déterminé qu’aucune personne sans-abri n’a été verbalisée.»

Sans surprise, l'information du Progrès avait rapidement inondé les réseaux sociaux suscitant une immense colère chez les internautes qui réclament la plus grande sévérité contre les agents impliqués dans ces verbalisations présumées.

Avant l'ouverture de l'enquête, la préfecture avait immédiatement réagi dans un communiqué publié par Le Progrès. Pascal Mailhos, préfet du Rhône et de la région Auvergne-Rhône-Alpes, assurait que si les faits relatés dans la presse étaient avérés, ils étaient «contraires aux instructions qu’il a données aux forces de l’ordre». Il ajoutait avoir demandé au Directeur départemental de la sécurité publique du Rhône de «diligenter une enquête interne pour faire toute la lumière sur cette affaire» et promettait que si «d’éventuelles contraventions avaient été délivrées à des personnes sans domicile fixe, celles-ci seraient immédiatement annulées».

Même son de cloche pour David Kimelfeld, président de la Métropole du grand Lyon et maire du 4e arrondissement de la ville. Sur son compte Twitter, il assure en outre que le préfet du Rhône «fait le nécessaire pour que les personnes sans domicile soient rapidement mises à l’abri».

Dans la suite de son communiqué, le préfet Pascal Mailhos assure que les services de l'Etat, dont la direction départementale de la cohésion sociale «recherchent actuellement des places qui pourraient permettre de proposer de nouvelles orientations aux personnes sans abri et remercient les collectivités territoriales et hôtels qui ont d’ores et déjà proposé des capacités d’hébergement».

Des chambres d'hôtel réquisitionnées

Au niveau national, le gouvernement a commencé à réquisitionner des chambres d'hôtel afin de permettre aux sans-abri de se confiner. C'est ce qu'a fait savoir le ministre du Logement Julien Denormandie le 19 mars assurant que la mobilisation du gouvernement, des collectivités et des associations est «totale» pour «mettre à l'abri celles et ceux qui vivent encore dehors».

«La situation est évidemment compliquée parce que cette mise à l'abri nécessite des dispositifs particuliers, on privilégie notamment les chambres individuelles, les hôtels», a expliqué le ministre du Logement lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. «On travaille beaucoup avec ces derniers pour libérer un maximum de chambres», a-t-il complété. 

Le gouvernement va également proposer des solutions spécifiques pour les sans-abri infectés par le Covid-19 mais dont l'état ne nécessite pas une hospitalisation. «Pour ces personnes-là nous ouvrons d'ores et déjà des centres dédiés», a assuré le ministre, précisant que 150 places seront disponibles à Paris et dans ses environs d'ici à la fin de la semaine. Au total, le gouvernement a identifié 80 sites sur l'ensemble de la France qui pourraient accueillir des personnes dans ce cas de figure. Pour mettre en place ces dispositifs, le gouvernement a prévu une enveloppe de 50 millions d'euros. «Et s'il faut aller plus loin, nous irons plus loin», a ajouté le ministre car «la solidarité ne doit pas être une victime du Covid-19».

Le 18 mars, les associations de lutte contre l'exclusion ont lancé à l'unisson des appels aux dons et à la mobilisation en «urgence» pour venir en aide aux sans-abri qui subissent de plein fouet les conséquences de la crise du coronavirus. On estime à 250 000 le nombre de SDF en France. Alors que les appels à maintenir une hygiène irréprochable se multiplient pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, les SDF n'ont même pas de quoi se laver les mains ou aller aux toilettes publiques qui sont par exemple fermées pour raisons sanitaires à Lyon. Comme le rapporte le Progrès, la ville a également fermé les fontaines publiques.