Au terme de neuf mois de campagne pour recueillir des signatures en faveur d'un référendum d'initiative partagée (RIP) sur la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP), le Conseil constitutionnel a annoncé le 13 dans un communiqué avoir validé 1 090 570 signatures.
Le chiffre du dernier pointage reste insuffisant pour enclencher le RIP sur ADP qui, pour être validé, exigeait le soutien de 4,7 millions de citoyens soit 10% du corps électoral. Le précédent pointage du 4 mars faisait état d'un chiffre supérieur, 1 116 000 signatures, mais il ne prenait en compte que les soutiens déposés et non validés, a précisé à l'AFP le Conseil constitutionnel.
Le relevé tient compte du retrait de quelque 25 500 doublons et autres signatures non-conformes. Mais il peut encore évoluer à la marge, les «sages» disposant encore de dix jours supplémentaires pour étudier d'éventuels nouvelles contestations sur les opérations. La décision finale sera rendue le 26 mars.
Si ce résultat lève le dernier obstacle juridique à la privatisation d'ADP, le gouvernement a fait savoir dès le 11 mars que cette question «ne saurait se poser dans l'immédiat compte tenu des conditions» actuelles du marché dues à la crise du coronavirus.
Nous serions un bien mauvais gestionnaire si nous faisions le choix immédiat de céder les actifs et participations de l'Etat dans ADP
«Nous serions un bien mauvais gestionnaire si nous faisions le choix immédiat de céder les actifs et participations de l'Etat dans ADP», a expliqué la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. Le projet du gouvernement était initialement d'investir notamment le produit des cessions d'actifs d'ADP en obligations d'Etat rapportant 250 millions d'euros par an pour financer des projets innovants.
Toutefois, depuis, la crise du Coronavirus a modifié la donne, frappant de plein fouet le transport aérien, les compagnies et les aéroports subissant à la fois les mesures de confinement, la prudence des vacanciers et les annulations de déplacements professionnels. Dans le même temps, la panique a gagné les marchés boursiers où certaines Bourses ont vécu le 12 mars leur pire séance depuis octobre 1987.
La mise en sommeil de la privatisation d'ADP a été bien accueillie par les oppositions qui s'était mobilisées (250 députés et sénateurs de tous bords) pour obtenir l'annulation de la privatisation du groupe aéroportuaire français dans lequel l'Etat détient 50,63% des parts.
Vinci, déjà actionnaire à hauteur de 8%, était sur les rangs pour accroître ses parts dans l'un des principaux acteurs mondiaux, qui a dégagé un bénéfice net de 588 millions d'euros en 2019. Mais désormais, certains misent sur un enterrement pur et simple du projet gouvernemental controversé.