France

Course relais pour la justice: des centaines d'avocats se mobilisent contre la réforme des retraites

Mobilisés depuis le mois de décembre contre le projet de réforme des retraites, les diverses professions de justice dans les barreaux de France ont réalisé une course relais à Paris afin de transmettre à la Chancellerie leurs cahiers de doléances.

Une course relais s'est déroulée le 11 mars à Paris, s'inscrivant dans le cadre de la mobilisation des avocats contre le projet de réforme des retraites. L'objectif de cette course était «de remettre un cahier de doléances des greffiers, magistrats, justiciables et avocats à la Chancellerie», indique le site internet des avocats du barreau de Paris.

Partant de la Maison du Barreau située sur l'île de la Cité à Paris (Ier), la course relais a pris la direction du Conseil national des barreaux dans le VIIIe arrondissement de Paris, pour finalement se rendre devant le ministère de la Justice, situé sur la place Vendôme (Ier). 

Née d'une initiative conjointe du Syndicat des avocats de France (SAF), de l'Union des jeunes avocats (UJA) et de l'Ordre de Montpellier le 26 février dernier, un «cahier de doléances [a été] complété au fur et à mesure des villes traversées dans le cadre de cette course relais».

De nombreux avocats, venus de toute la France, ont participé à cette course relais, aussi bien en marchant et en courant qu'à vélo.

La bâtonnier de Paris a accueilli les avocats de Versailles en se prenant en photographie avec eux, afin d'immortaliser un moment plein de solidarité.

Hélène Fontaine, avocate, ancien bâtonnier du barreau de Lille et présidente de la Conférence des Bâtonniers, est revenue sur l'importance de ce mouvement «parti de Montpellier [...] avec des relais successifs dans tous les barreaux de France [...] pour faire état de leurs doléances en ce qui concerne les retraites» et les dysfonctionnements au sein même de la justice qui manque selon eux, notamment, de moyens.

Laurent Landry, avocat généraliste et bâtonnier du barreau de Soissons, a également exprimé son mécontentement à l'égard du projet de réforme des retraites. «Après avoir couru dans l'Aisne, j'ai rejoins Paris et nos représentants nationaux pour exprimer la colère des avocats face à cette réforme des retraites qui a été la goutte d'eau qui a permis à faire déborder le vase», a-t-il notamment déclaré lors de cette course relais.

La course relais s'est brièvement arrêtée devant l'opéra Garnier dans le IXe arrondissement de Paris où un orchestre a témoigné son soutien à cette mobilisation des avocats en jouant un morceau de musique.

Après cet interlude musical, la course est repartie en direction de la Chancellerie pour y remettre les cahiers de doléances de l'ensemble des barreaux de France.

Après avoir remis les cahiers de doléances et en attendant le retour de la délégation des avocats, une banderole a été brandie devant le ministère de la Justice, indiquant : «Notre combat / Avocats en colère.»

Toutefois, la délégation des avocats n'a obtenu «aucun engagement [du ministère de la Justice] sur les conditions de travail», selon le Conseil national des barreaux.

Les participants de la course relais ont tout de même tenu à congratuler le barreau de Montpellier pour cette initiative. 

Enfin, Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil National des Barreaux, a tenu à s'exprimer : «Nous avons gagné 3 choses : ce mouvement a mis en lumière les dysfonctionnements de la justice, l’engagement des avocats pour l’accès à la justice et l’unité, la solidarité du barreau de France.»

Le 29 février, le Premier ministre Edouard Philippe a engagé la responsabilité du gouvernement sur la réforme des retraites par le 49.3. Une décision qui intervient près de trois mois après le début d'une mobilisation nationale interprofessionnelle contre le projet de loi en question. La réforme s'inscrit dans un projet gouvernemental qui est en revanche encouragé par d'importants acteurs économiques, à l'image de la société d'investissement américaine BlackRock. Cette même réforme figure par ailleurs parmi les recommandations de la Commission européenne à la France formulées en juin 2019.