France

«Que devons-nous faire, augmenter les impôts ? Le prix de l'eau ?», a confié à RT un maire français

En pleine grogne des maires contre la baisse des crédits de l'Etat aux communes, RT s'est entretenu avec la maire d'une petite commune des Vosges pour mieux comprendre comment les villages vivent ces coupes budgétaires au quotidien sur le terrain.

Krista Finstad-Milion est maire de Fontenay, une petite commune des Vosges de quelques 519 âmes. Originaire du Canada, elle a débuté son premier mandat en 2014 «à un moment de grandes mutations». Elle n'a pas «d'a priori sur le fonctionnement des communes et du système de l'Etat en France», assure-t-elle. Néanmoins sur la question des crédits de l'Etat, elle est sans équivoque : «c'est un véritable coup de massue pour les petites communes comme Fontenay», déplore-t-elle. 

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A l'expression «baisse des dotations de l'Etat», Krista Finstad-Milion en préfère une plus tranchante. «N'ayons pas peur des mots. Il s'agit de coupes budgétaires, rien de moins. "Baisse des dotations", c'est très flou, cela détourne de la réalité. Ces coupes représentent pourtant 3,67 milliards d'euros par an, dont deux milliards pour les petites communes, d'ici 2017. Ce n'est pas une baisse, c'est énorme», a fait remarquer la maire de Fontenay.  

Pour elle, il est difficile de faire vivre les petites communes car, malgré leur taille, des infrastructures sont bel et bien présentes et «doivent continuer de l'être» si la commune veut survivre. «Une petite commune vit essentiellement grâce au poids historique de son patrimoine, souvent vieux de plusieurs siècles», explique-t-elle. «L'église, le presbytère, l'hôtel de ville, doivent être entretenus si la commune ne veut pas tomber dans l'oubli, mais aussi l'école, la mairie, la salle des fêtes, la fontaine, le parking, qui sont des lieux de vie essentiels à la survie de la commune». 

La maire de Fontenay se demande alors, «comment va-t-on pouvoir faire avec moins ?». «Que devons nous faire, augmenter les impôts ? Le prix de l'eau ?», s'exclame-t-elle sans colère.

Si certaines communes rurales fusionnent entre elles, les aides de l'Etat étant alors «légèrement plus conséquentes», Krista Finstad-Milion assurre que chaque commune a «sa propre histoire, sa propre identité» et que la fusion n'est pas une chose évidente pour des habitants qui «restent très attachés à leur passé et veulent réellement faire vivre leur propre commune», explique-t-elle. 

Selon ses chiffres, environ 20% de la population française vit en millieu rural, «ce qui est beaucoup pour un pays développé», ajoute-t-elle. Ainsi, la lutte contre «la désertification de nos campagnes» est «prioritaire», explique la maire de Fontenay qui est, par ailleurs, membre de l'Association des maires ruraux de France (AMRF).

«Chaque jour dans les petites communes rurales, des commerces ferment, des projets de constructions avortent. Faire vivre son village est un vrai combat qu'il ne faut jamais abandonner», souligne Krista Finstad-Milion .

Pourtant, l'élue ne s'est pas rendue à la manifestation devant la préfecture des Vosges le 19 septembre. «Je milite d'une autre manière, sur le terrain, au sein de ma commune», confie-t-elle. Pour elle, la grogne est légitime, mais le plus important est d'être «actif dans sa ville ou son village». «Pour s'en sortir, il faut juste un peu d'imagination, beaucoup de courage et de l'audace. On nous coupe les vivres ? On s'en sortira. Dans une petite commune comme la mienne, les habitants se connaissent, c'est une vraie famille et dans une famille, les gens peuvent compter l'un sur l'autre, c'est le plus important», se réjouit Krista Finstad-Milion. 

Avec ses 36 568 communes dont la moitié compte moins de 500 habitants, le cas français est une exception dans l'Union européenne qui compte, en tout environ 75 000 communes. Ainsi, la moitié de l'ensemble des communes européennes se trouvent dans l'Hexagone.