L'acte 65 des Gilets jaunes a été marqué par des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants à Bordeaux. Ce 8 février, au moins 800 personnes, selon les chiffres de la préfecture de Gironde, ont participé à cette manifestation non déclarée. 29 d'entre elles ont été placées en garde à vue, principalement pour jets de projectiles, dégradations de biens publics et incendies de conteneurs poubelles, participation à des regroupements en vue de commettre des violences, port de matériel offensif et dissimulation du visage, toujours d'après la préfecture. Malgré de nombreuses vidéos faisant état de l'intervention violente des forces de l'ordre, ayant pratiquement tourné au combat de rue, la préfecture n'a pas communiqué sur le nombre de manifestants blessés. Elle a en revanche annoncé que neuf membres des forces de l'ordre avaient été blessés lors de cette journée. En outre, du mobilier public et des vitrines ont été cassées et des poubelles incendiées.
Une interpellation brutale mais «appropriée et réglementaire» selon la police
Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos de cette manifestation ont circulé. L'une d'entre elles montre l’interpellation brutale d’un jeune homme par les forces de l'ordre.
On y voit un agent de la BAC (Brigade anticriminalité) s’approcher de l’individu, alors qu'une dizaine d’autres personnes sont alignées contre le mur. L'agent demande à l’un de ses collègues : «Celui-là ?». «Non, à gauche !», lui répond-il. Un fonctionnaire de police arrive alors en courant, empoigne le jeune homme et lui assène un violent coup de genou dans le ventre, ce qui le fait chuter. A proximité, d'autres policiers munis de boucliers anti-émeute créent un cordon de sécurité pour contenir la foule.
Contacté par l'AFP, le directeur départemental de la sécurité publique de la Gironde, Patrick Mairesse, affirme que le jeune homme au bonnet avait été auparavant vu par un policier en train de «jeter des pierres» en direction des forces de l'ordre, dans le secteur de la gare, alors en proie à «beaucoup d'agressivité». «Un hélicoptère l'avait précédemment filmé en train de récupérer des objets sur un chantier», a précisé le parquet de Bordeaux à l'AFP.
«Oui, il est interpellé au milieu de badauds, mais c'est lui qui s'est dissimulé au milieu d'eux pour éviter d'être interpellé», a justifié le chef de la sécurité publique. «Le policier a effectué un balayage qui consiste à mettre à terre une personne pour qu'elle soit menottée plus facilement : ce geste fait partie des techniques appropriées et réglementaires», a-t-il détaillé.
Le parquet a précisé que le jeune homme n'avait pas déposé plainte. Remis en liberté le soir du 9 février, il doit néanmoins être réentendu.
D'autres images de la manifestation, relayées par le compte Twitter AB7 Media, qui se décrit comme un «média indépendant et militant», montrent des affrontements avec les forces de l'ordre, ainsi que des interpellations musclées.
Sur une autre vidéo, on peut voir un fonctionnaire insulter un homme, avant de lui demander de quitter les lieux.
Comme lors de la plupart des manifestations, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes.
Les manifestants n'ont pas pu pénétrer dans l'hyper-centre de la ville, bouclé par les policiers et gendarmes présents en nombre en ce jour de grande braderie des commerçants.
Regain de manifestants
Ancien bastion des Gilets jaunes, Bordeaux n'avait pas connu une telle participation un samedi depuis la fin de l'année dernière.
Les cortèges bordelais avaient rassemblé à l'apogée du mouvement plus de 6 000 manifestants, en janvier 2019, avant de s'amenuiser au printemps. Bordeaux avaient toutefois renoué avec une forte mobilisation pour le 1er anniversaire du mouvement, le 16 novembre dernier, où ils avaient été 1 800 à défiler, d'après les chiffres des autorités.
Ces dernières semaines, les cortèges emmenés par les Gilets jaunes regroupaient environ 200 personnes, selon la préfecture.