France

Un cargo saoudien transportant des armes à quai en France ? Des ONG interpellent Edouard Philippe

Ce 6 février, un cargo saoudien est arrivé à Cherbourg. Selon 17 ONG, il transporterait des armes militaires qui pourraient être être ensuite utilisées au Yémen. Ces ONG ont adressé un courrier au Premier ministre pour lui demander des explications.

«Nous, représentant·e·s de 17 organisations humanitaires et de défense des droits humains, vous exprimons nos plus vives inquiétudes quant au passage de ce cargo en France». Dans une lettre adressée au Premier ministre date du 5 février, 17 ONG, dont Human Rights Watch, s'inquiètent de l'arrivée du navire saoudien Bahri Yanbu à Cherbourg (Manche), ce 6 février. Dans ce courrier, les ONG expliquent que le Bahri Yanbu est «connu pour transporter des armes pour le compte exclusif du ministère de la Défense saoudien, engagé dans une intervention armée entachée d’allégations de crimes de guerre au Yémen».

Elles demandent à Edouard Philippe de «les informer sur la nature du matériel devant être chargé sur le Bahri Yanbu à Cherbourg et, dans l’hypothèse où il s’agirait d’armements, de [leur] indiquer les garanties dont dispose la France que ces derniers ne seront pas utilisés de manière illégale contre des populations civiles yéménites».

Les ONG rappellent qu'en mai dernier, «le Bahri Yanbu était déjà venu charger des armes dans toute l’Europe. Face à la mobilisation de la société civile et des syndicats, il avait dû renoncer à faire escale au port du Havre» et estime que «le secret qui entoure son arrivée à Cherbourg, prévue demain, illustre une nouvelle fois l’opacité entourant les exportations d’armes en France». 

En conclusion, Humain Rights Watch, Action contre la Faim, Oxfam, Médecins du Monde et les autres ONG signataires demandent au Premier ministre «de faire la lumière sur le nouveau passage en France du cargo saoudien Bahri Yanbu et sur la nature de sa cargaison, et le cas échéant de suspendre le chargement» et d'«assurer une plus grande transparence dans le commerce des armes, notamment en permettant un contrôle parlementaire effectif». Enfin, elles réitèrent leur «appel à ce que la France cesse ses transferts d’armes à l’Arabie saoudite pour ne pas se rendre complice de graves violations».

Silence radio du côté des autorités

Ce navire est bien amarré à Cherbourg, comme l'indique le site Marine Traffic. Le contenu de sa cargaison est lui beaucoup plus flou. Contacté par CheckNews le site de vérification des faits  du quotidien Libération, Matignon n'a pas répondu, tout comme la préfecture maritime de la Manche. La capitainerie du port de Cherbourg a, elle, refusé de répondre au journal.

Toutefois, le PDG de De Keyser Thornton, un partenaire de Bahri, a indiqué à la télévision belge TV Oost que le cargo saoudien transportait des véhicules roulants, ainsi que des matériels destinés à un usage militaire.

Manifestations à Cherbourg et ailleurs

A Cherbourg, le Bahri Yanbu a reçu un accueil hostile. Le 5 février, une manifestation était organisée à l'initiative d'Amnesty International, avec la participation du Mouvement de la Paix. Selon le quotidien local Ouest-France, une grosse centaine de personnes, «issues d’organisations syndicales ou politiques, ainsi que plusieurs organisations non gouvernementales comme l’Aser (Action sécurité éthique républicaines)», et Amnesty international ont ensuite manifesté, ce 6 février vers midi sur le port de Cherbourg, pour protester contre la venue du cargo en France. Une troisième manifestation était organisée ce même jour à 18h30, heure d'arrivée du navire à Cherbourg.

Ailleurs en Europe, il n'était pas non plus le bienvenu. Dans le port d'Anvers (Belgique), le Bahri Yanbu n'a pu accoster à la suite de la mobilisation d'activistes, le 1er février. A Sheerness (Angleterre), des manifestants se sont également rassemblés pour les mêmes raisons, mais le cargo a tout de même pu amarrer, selon la presse britannique

Après Cherbourg, le Bahri Yanbu mettra le cap sur Gênes (Italie), selon CheckNews, puis Alexandrie (Egypte), Djibouti, et le port de Dammam (Arabie saoudite).

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