«J'ai pris cette décision parce qu'elles n'ont pas une couleur, elles n'ont pas un signalement spécifique et il est arrivé, il y a plusieurs mois déjà, pas récemment, que des policiers soient obligés de les utiliser pour se désengager d'une menace et que des manifestants les prenant volontairement en main se blessent gravement. C'est la raison pour laquelle je pense qu'il nous faut retirer les GLI-F4», a déclaré le ministre de l'Intérieur sur France 3, ce 26 janvier.
Une grenade décriée
L'utilisation des grenades explosives GLI-F4, à l'origine de blessures graves lors des dernières manifestations, est très controversée. En effet, ces armes comportent en effet une charge de TNT, un puissant explosif, dans leur composition.
Selon une note datée du 4 janvier 2018 obtenue par Mediapart, le GLI-F4 présente de graves défauts «identifiés mais non résolus». Toujours selon Mediapart, le fabricant Alsetex en avait d'ailleurs informé le ministère de l'Intérieur.
En mars 2019, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, avait qualifié les grenades de type GLI-F4 comme faisant partie des «plus dangereuses de l’arsenal de nos forces de sécurité». Le Défenseur des droits avait ajouté qu'elles «présent[ai]ent des risques disproportionnés dans la gestion des manifestations».
Malgré les risques de mutilation, la France était jusqu'à présent le seul pays européen à en autoriser l'usage dans le cadre d'opérations de maintien de l'ordre.
Vraie fausse annonce ?
Selon certains observateurs, l'annonce de Christophe Castaner n'en est pas une. Le reporter indépendant Maxime Reynié explique que «cette grenade n'est plus fabriquée depuis 2014 et est remplacée progressivement par la GM2L jusqu'à épuisement des stocks prévu pour 2021.» «Cela fait donc depuis deux ans que le gouvernement sait que la GLI-F4 va disparaître le temps de vider les stocks, ce qui était prévu pour 2021», ajoute-t-il.
En effet, dès juin 2018 – avant le début du mouvement des Gilets jaunes – l'Etat avait décidé de ne plus commander de GLI-F4. Le 24 mai 2018, un avis du Bulletin officiel des annonces des marchés publics, déniché par Libération, indiquait que le ministère de l’Intérieur allait renouveler ses stocks de «grenades lacrymogènes et moyens de propulsions». Et ne plus commander de GLI-F4.