Une adolescente de 16 ans a été la cible de menaces d'internautes depuis le 19 janvier, après avoir, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, estimé que l'islam était «de la merde» et lancé des insultes envers le dieu de cette religion. D'autres lui ont apporté leur soutien autour du hashtag #JeSuisMila, qui s'est hissé en tête des tendances sur Twitter en France ce 22 janvier.
Selon le site Bellica, qui est revenu sur l'histoire, Mila a simplement lancé un live sur l'application Instagram avec ses abonnés afin de discuter de sa passion, le chant, sans aborder le sujet religieux. Des commentaires haineux envers sa personne seraient alors apparus, après qu'elle a écarté les avances d'un garçon sur le réseau social. Celui-ci aurait alors rameuté d'autres internautes, et le live se serait alors mis, d'après Marianne, à tourner au vinaigre. Des insultes comme «Française de merde» ou encore «sale gouine», ou encore des menaces de morts auraient alors afflué, avant que les insultes ne se teintent de religion, «en invoquant Allah» d'après le récit de Bellica.
Selon l'hebdomadaire, la jeune femme se fait alors «apostropher par des internautes qui l'accusent d'insulter "notre dieu Allah, le seul et l'unique" en lui souhaitant de "brûler en enfer"». Dans la suite de son direct, Mila aurait alors abordé le sujet, «déclar[ant] rejeter toutes les religions», selon le récit du site.
Après cet épisode, plutôt que de s'excuser de sa prise de parole, Mila tourne une autre vidéo, celle dont des extraits seront largement repris sur Twitter, dans laquelle elle assume, dans un langage fleuri, rejeter l'islam en particulier : «Je déteste la religion, le Coran est une religion de haine, il n'y a que de la haine là-dedans. L'islam c'est de la merde. [...] Votre Dieu, je lui mets un doigt dans le t*** du ***. » Elle poursuit : «Je ne suis pas raciste, on ne peut pas être raciste d'une religion. Je dis ce que je veux.»
Des éléments de son identité et le nom du lycée qu'elle fréquente ont ensuite été jetés en pâture par des comptes sur les réseaux sociaux. La conséquence : elle a dû renoncer à se rendre au lycée après avoir notamment reçu des menaces de mort. Selon Marianne, Mila «a dû être déscolarisée, pour la préserver de "camarades" prêts à la lyncher pour la "punir" d'avoir insulté leur "communauté"».
#JeSuisMila : des personnalités apportent leur soutien
Face à la situation, des politiques, en majorité de droite, ont apporté leur soutien à Mila. Le député de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan fait partie de ceux-ci : «Soutenons Mila, lycéenne de 16 ans insultée et menacée de mort par des milliers de fanatiques pour avoir donné son opinion sur l'Islam. Protégeons la liberté d'expression face au fascisme islamiste !» «Qu'attend Marlene Schiappa pour réagir ?», interroge-t-il le 22 janvier à l'attention de la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes.
La parlementaire et présidente du Rassemblement national Marine Le Pen estime le 22 janvier que «les propos de cette jeune fille sont la description orale des caricatures de Charlie, ni plus ni moins». «On peut trouver ça vulgaire, mais on ne peut pas accepter que, pour cela, certains la condamnent à mort, en France, au XXIe siècle», ajoute-t-elle.
Le député Les Républicains et gaulliste Julien Aubert voit dans l'affaire Mila, «la triste illustration d’une société multiculturelle et ses communautés : mort de la Nation, et confrontation belliqueuse à rebours des discours officiels. Il manque le respect et la tolérance faute de référentiels communs».
A gauche, quelques personnalités se sont indignées du lynchage virtuel subi par l'adolescente. L'essayiste et co-fondatrice de Viv(r)e La République Fatiha Boudjahlat interpelle le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner : «Ils [des internautes] ont diffusé son nom, son adresse. La meute s’organise. Jean-Michel Blanquer, Christophe Castaner, c’est une lycéenne, il faut la protéger. Elle n’a pas à nous plaire pour être protégée.» Elle s'interroge aussi sur le silence de certains féministes comme Caroline de Haas.
Le président du parti politique, qui se revendique de la gauche laïque, Le Printemps républicain, Amine El Khatmi prend également la défense de «Mila [qui] critique toutes les religions, dont l’islam» : «Mais qui la menace ? Des musulmans qui pensent que leur foi doit rester hors de portée de la critique ou de la moquerie. Mais nous sommes en France, pas en Algérie ou en Iran. Parce qu’elle est menacée de mort, #JeSuisMila !»
Un hashtag #JeNeSuisPasMila voit le jour
Dans la foulée de ces soutiens, sur Twitter un autre hashtag #JeNeSuisPasMila, a vu le jour, dans lequel des internautes dénoncent au contraire la démarche de la jeune femme.
Tandis que certains y insultent, voire menacent, l'adolescente, d'autres internautes expliquent pourquoi ils ne la soutiennent pas. L'un déplore par exemple «subi[r] les injures» de l'adolescente «en tant que musulman [...] qui ne lui a jamais nui en quoi que ce soit», et estime que la vidéo de Mila constitue un «acte actif d'agression», s'étonnant que ce soit «elle la victime». Il explique toutefois ne pas «cautionne[r]» les insultes ou les menaces à son encontre.
Interviewée par le site Bellica, Mila se défend : «Contrairement à eux, je n’ai insulté personne, ni menacé, ni appelé à la violence envers qui que ce soit. Ce que j’ai fait, c’est du blasphème, c’est une critique générale des religions, et rien d’autre.»