France

Taha Bouhafs arrêté après avoir signalé la présence de Macron au théâtre, la gauche s'insurge

Le journaliste et militant Taha Bouhafs, qui avait signalé sur Twitter la présence d'Emmanuel Macron dans un théâtre, devant lequel a eu lieu un rassemblement, a été placé en garde à vue. La gauche dénonce une atteinte à la liberté de la presse.

La soirée du 17 janvier va-t-elle marquer un nouveau tournant dans la relation qu'entretient le président de la République avec la presse ? En tout état de cause, un cap a été franchi, à en croire l'opposition, avec l'arrestation du journaliste militant Taha Bouhafs.

Le journaliste et militant de 22 ans a été interpellé le 17 janvier à l'issue d'une représentation brièvement perturbée par une tentative d'intrusion de manifestants dans le théâtre, alors que le chef de l'Etat y était présent. Selon une source judiciaire citée par l'AFP, il a été placé en garde à vue pour «participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations».

Avant cela, Taha Bouhafs avait publié sur Twitter un message dans lequel il indiquait la présence du chef de l'Etat dans le théâtre, ainsi que celle de militants qui appelaient à se rassembler devant l'établissement. «Des militants sont quelque part dans le coin et appelle tout le monde à rappliquer. Quelque chose se prépare... la soirée risque d’être mouvementée [sic]», avait-il ainsi écrit.

Taha Bouhafs avait ensuite demandé à ses abonnés s'il devait ou non lancer ses chaussures sur le président, à l'image du célèbre geste d'un journaliste irakien contre le président américain Georges W. Bush en 2008, précisant rapidement qu'il s'agissait d'une plaisanterie.

«La liberté de la presse a rendu son dernier souffle ce soir»

A gauche, les réactions outrées ne se sont pas fait attendre, plusieurs cadres de la France insoumise s'insurgeant contre une décision qui met sérieusement à mal, selon eux, la liberté d'informer. «Ce journaliste assistant à la même pièce que le Président n’a émis qu’un tweet relatant des faits», souligne ainsi le député Eric Coquerel, demandant la libération immédiate de Taha Bouhafs. «Dans quel régime sommes-nous pour qu’un président, furieux que des manifestants le conspuent à l’extérieur d’un théâtre, fasse arrêter un journaliste qui s’y trouvait qui et avait osé communiquer sur sa présence ?», s'est-il encore interrogé.

«On arrête un journaliste pour avoir tweeté sur la présence du Méprisant au théâtre. Bienvenue en #Macronie», a renchéri réagi la député France insoumise Danièle Obono.

Une partie de la profession est également montée au créneau pour soutenir le journaliste et dénoncer sa garde à vue, à l'image de la rédactrice en chef du Média Aude Lancelin, qui a demandé la libération de Taha Bouhafs, «embastillé pour un tweet».

La militante Feïza Ben Mohamed a pour sa part employé des mots très forts pour qualifier les événements, estimant que «la liberté de la presse [avait] rendu son dernier souffle».

Le parti présidentiel ne relève pour sa part rien d'anormal dans les événements, si ce n'est le mouvement de protestation lui-même. «Ce qu'il s'est passé aux #BouffesduNord est inacceptable, inadmissible. Lorsqu'on cherche à s'en prendre au président de la République, on cherche à atteindre l'institution. Ne nous habituons pas à ces manifestations de violence à l'encontre de la démocratie», a ainsi soutenu la député et porte-parole de LREM Célia de Lavergne.

A côté de ses activités journalistiques, Taha Bouhafs est un militant de gauche radicale, se présentant lui-même comme «journaliste des luttes» et «militant antiraciste». En 2017, il s'est présenté aux élections législatives pour le compte de la France insoumise dans la deuxième circonscription de l'Isère. 

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