France

«Terrorisme» des grévistes ? Un député LREM craint que le mouvement ne «se termine par des morts»

Accusant des manifestants de «prendre la France en otage», le député LREM du Pas-de-Calais Jean-Pierre Pont a accusé certains grévistes de «terrorisme», évoquant notamment ceux qui voulaient bloquer les raffineries contre la réforme des retraites.

«Pour moi, prendre la France en otage, c'est tout à fait illégal. Et, évidemment, on va peut-être me critiquer, c'est des faits de terrorisme. Fermer des centres d'approvisionnement de fioul [...] c'est ça, la démocratie ? Non, je ne crois pas», a déclaré Jean-Pierre Pont, député de la majorité présidentielle dont les propos sont rapportés le 6 janvier par la station de radio Delta FM.

Pour moi, otage me fait penser aux otages au Liban, aux otages quand il y a eu les affaires à Paris [...] ça pourrait se terminer par des morts

Et l'élu LREM de préciser sa pensée : «La grève oui, manifester oui, mais attention de ne pas prendre les Français en otage. C'est tout à fait illégal et c'est antidémocratique», a-t-il estimé. Relancé sur ses accusations de «terrorisme», celui qui fut maire de Neufchâtel-Hardelot pendant près de 28 ans a souligné : «Répondez-moi : prendre en otage quelqu'un, c'est le fait de quoi ? De gens démocrates ? De gens qui respectent la République ? Non ! [...] Pour moi, otage me fait penser aux otages au Liban, aux otages quand il y a eu les affaires à Paris», a-t-il poursuivi, inquiet sur l'évolution du mouvement social en cours : «ça pourrait se terminer par des morts, c'est pas possible... Couper l'électricité à une maison de retraite ou à un centre hospitalier, écoutez, franchement, non, je ne peux pas admettre ça», a déclaré Jean-Pierre Pont.

Loin d'être inédit, le recours à la notion de «prise d'otage» pour dénoncer les conséquences d'une grève ou d'actions de blocage, est régulièrement utilisé en France par les commentateurs de tels mouvements sociaux.

A l'approche d'une grève de cheminots au mois de février 2018, alors qu'il s'adressait à un syndicaliste, le journaliste François de Closets avait d'ailleurs déclenché une polémique en utilisant la formule face au syndicaliste Bruno Poncet. Et pour cause, celui-ci n'avait pas manqué de rappeler à son interlocuteur qu'il avait fait partie des otages des terroristes du 13 novembre. «Moi, j'ai été au Bataclan. Donc moi, aujourd'hui, les discussions de preneurs d'otage et de terroristes, je sais ce que c'est. Alors, autour de cette table, on parle du statut de cheminot, je trouve que c'est un peu déplacé», avait en effet répondu le syndicaliste Sud Rail au journaliste qui avait promis de ne plus faire la confusion...

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