France

Réforme des retraites : après les annonces d'Edouard Philippe, la grève entre dans son 8ème jour

Edouard Philippe, s'exprimant devant le Conseil économique, social et environnemental, a présenté «l'architecture» de la réforme visant à fondre les 42 régimes de retraite actuels en un seul système universel par points. La grève continue.

Jeudi 12 décembre

Il n'y aura «pas de trêve pour Noël» dans le mouvement de grève en cours sans retrait de la réforme des retraites, a prévenu ce 12 décembre sur France info le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun.

La mobilisation va se poursuivre «jusqu'à ce qu'on nous garantisse que le système actuel est maintenu, le système pour tous les salariés, et qu'on entame des négociations pour l'amélioration de ce système», a déclaré le responsable du premier syndicat de la SNCF.

«La grève continue et nous sommes au regret, puisqu'on n'était pas parti comme ça, de constater que le gouvernement est droit dans ses bottes et que donc elle va durer longtemps», a averti Laurent Brun, ajoutant qu'il n'y aura «pas de trêve pour Noël sauf si le gouvernement revient à la raison avant ça».

Interrogé sur le même sujet, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a expliqué de son côté sur BFMTV que «personnellement» il pense que «pendant la période des fêtes, notamment pour que les gens aillent rejoindre leur famille et aillent passer les fêtes de Noël, il faut leur laisser la possibilité de circuler comme ils l'entendent et la CFDT cheminot elle est attachée à cela également». 

Mercredi 11 décembre

Concernant le timing ce cette réforme, Edouard Philippe conclut : il préfère «le faire maintenant quand il n'y a pas d'urgence» plutôt qu'un peu plus tard» avec des mesures «sévères» et «brutales».

«Je veux supprimer les régimes spéciaux mais je ne sors pas ça de mon chapeau. Il y a une légitimité politique», affirme Philippe, en invoquant le programme d'Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017.

Un peu plus tôt, Edouard Philippe s'est exprimé sur le minimum retraite : «Nous garantirons une pension minimale de 1000 euros par mois» et de 85% du SMIC.

Edouard Philippe dit également que «beaucoup de Français» pourront partir à la retraite plus tôt.

«Notre projet de n'est pas d'augmenter l'âge de départ à la retraite», martèle le Premier ministre.

«La façon dont on prend en compte la pénibilité» est un des sujets dont Edouard Philippe se dit «ouvert à la négociation».

«Nous allons créer un régime universel avec les mêmes droits pour tous. Chaque euro cotisé» aura la même valeur «pour tous», affirme le Premier ministre.

Edouard Philippe tente de rassurer les Français sur la retraite par point : «Ils [les Français] sauront à tout moment le nombre de points qu'ils accumulent et la valeur de ces points».

Edouard Philippe parle d'améliorations pour «beaucoup de Français [qui] n'étaient pas très bien protégés jusqu'à présent», comme «les agriculteurs et les artisans».

«Ce n'est pas le système suédois que nous voulons créer [...] Nous voulons présever le système de répartition», répond Edouard Philippe au présentateur du 20h de TF1, Gilles Bouleau.

«La valeur du point évoluera comme la moyenne des salaires», affirme le Premier ministre.

Le Premier ministre salue «le vrai bon sens» des Français. Selon lui, ils «savent» qu'«on doit, pour préserver notre système de pension, travailler un peu plus longtemps».

Edouard Philippe, sur les manifestations : «Lorsqu'on essaie de bousculer ce système pour créer un système plus juste, on va se heurter à des oppositions et à des oppositions syndicales. [...] Je m'y attendais.»

Edouard Philippe affirme que sa «porte est ouverte» pour discuter d'éventuelles améliorations à apporter à cette réforme.

Edouard Philippe s'adresse aux syndicats qui protestent contre la réforme : «J'étais ferme sur le principe de la réforme [...] mais je ne suis pas fermé [...] Il y a toute une série de points sur lesquels nous pouvons améliorer la réforme».

Le Premier ministre Edouard Philippe doit s'exprimer d'ici quelques minutes, dans le journal du 20h, sur TF1.

La CFDT a également appelé «l'ensemble des travailleurs à se mobiliser le 17 décembre» pour que le gouvernement «renonce à toute mesure d'âge et rouvre les discussions pour un système de retraite universel réellement juste».

«Malgré les alertes de la CFDT, le Premier ministre a imposé des mesures d'âge inutiles et injustes à travers l'instauration d'un "âge d'équilibre" dès 2022. Une ligne rouge a été franchie», juge le premier syndicat français dans un communiqué à l'issue de son bureau national.

La CFTC, l'un des syndicats favorables à un régime universel de retraites par points, a appelé à rejoindre la mobilisation du 17 décembre contre la réforme du gouvernement, a-elle annoncé dans un communiqué. La CFTC refuse «l'âge pivot tel qu'annoncé par le Premier ministre avant même la mise en place de la future gouvernance» et exige «une prise en compte de toutes les situations de travail réellement pénibles comme devant donner lieu à compensation».

Les syndicats (CGT-FO Solidaires FSU) ont appelé à une nouvelle manifestation entre 14 et 18h à Paris le 12 décembre au départ de Nation jusqu'à République.

Le discours du Premier ministre a largement fait réagir l'opposition. 

Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, a fustigé une réforme «injuste et inéquitable».

Le président du Groupe Socialiste et Républicain au Sénat Patrick Kanner a interpellé directement le Premier ministre dans la chambre haute : «En n’écoutant pas les Français, pas les corps intermédiaires, n’êtes-vous pas en train de briser notre contrat social, fondement de notre pacte républicain ?»

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a quant à elle critiqué une réforme «terrible», qui «risque de provoquer un blocage du pays». Avant d'interpeller Emmanuel Macron en appelant à l'organisation d'un référendum. 

Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a pour sa part déploré une «véritable usine à gaz» et estimé que l'un des enjeux de la prochaine présidentielle serait d'annuler cette réforme. 

Le discours d'Edouard Philippe «ne peut que confirmer la nécessité de renforcer la mobilisation», a réagi Force ouvrière qui appelle «l'ensemble des salariés du privé et du public à s'y associer».

«Incontestablement la mobilisation exceptionnelle et la grève engagée le 5 décembre conduisent le gouvernement à retarder l'application effective à la génération 1975 plutôt qu'à la génération 1963 comme initialement prévu. Pour FO cela ne peut que confirmer la nécessité de renforcer cette mobilisation», juge dans un communiqué le bureau confédéral du syndicat.

«Le mécontentement et la détermination restent entiers», a indiqué peu après le discours du Premier ministre sur les retraites Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, première fédération syndicale chez les enseignants.

«Le Premier ministre confirme son projet, et on ne sait toujours pas ce qu'il propose pour compenser la fin du calcul des pensions sur les six derniers mois dans la fonction publique. Ce qu'on sait, c'est qu'il faudra travailler plus longtemps, et ça c'est non pour la FSU», a-t-elle déclaré à l'AFP.

Le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure, a exprimé sa «déception» après les annonces d'Edouard Philippe sur la réforme des retraites, estimant qu'une «ligne rouge» était franchie avec la décision d'instaurer un âge pivot à 64 ans.

«On a eu la désagréable surprise, qui est une ligne rouge pour nous, qui est la question de la mesure d'âge», a déclaré Laurent Escure, présent au Conseil économique, social et environnemental (Cese), assurant que la mobilisation de ses fédérations à la SNCF, la RATP et chez les enseignants pourrait «se globaliser». 

Le secrétaire général de la CGT-Cheminots (1er syndicat de la SNCF), Laurent Brun, appelle à «renforcer la grève» après les annonces du Premier ministre sur la réforme des retraites, qui a confirmé «le régime injuste par points», a-t-il indiqué à l'AFP.

Le discours d'Edouard Philippe détaillant la réforme n'est «pas à la hauteur de nos revendications», a regretté Didier Mathis, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, deuxième syndicat de la SNCF, interrogé par l'AFP.

Edouard Philippe a estimé ce 11 décembre que «les garanties données aux populations les plus inquiètes» dans son discours justifiaient «que la grève qui pénalise des millions de Français s'arrête».

«Une nouvelle fois, je pense à tous ceux qui galèrent, pour qui chaque journée est devenue un véritable parcours d'obstacles entre les transports et les problèmes de garde d'enfants», a ajouté le Premier ministre devant le CESE où il a détaillé les grandes lignes de la réforme des retraites.

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a qualifié de «bon équilibre» les propositions présentées par le Premier ministre Edouard Philippe sur la réforme des retraites, tout en regrettant d'avoir «perdu six mois».

«Du côté des entrepreneurs que représente le Medef, c'est un bon équilibre entre une réforme qui est redistributive [...] et la nécessité que tout ça doit être financé par quelqu'un et donc qu'il faut, quand c'est possible, qu'on travaille plus longtemps», a-t-il réagi après l'intervention du Premier ministre.

«Le gouvernement s'est moqué du monde», a réagi le numéro un de la CGT Philippe Martinez qui «ne croit pas que les cheminots seront satisfaits» par le discours d'Edouard Philippe sur la réforme des retraites.

«Le gouvernement veut individualiser le système de retraite. Tout le monde va travailler plus longtemps, c'est inacceptable», a déclaré Philippe Martinez sur LCI.

«Injuste» pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), «un allongement de la durée de cotisation» pour le PS, «le Premier ministre confirme le pire» pour Fabien Roussel (PCF) : la gauche, en pointe dans la mobilisation, s'est déclarée globalement mécontente de la réforme des retraites présentée par Edouard Philippe.

Pour le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, «Macron vient d'instaurer la retraite à 64 ans» : «Ceux qui ont 15 ans sont condamnés au système par point. Les autres sont jetés dans un labyrinthe illisible et piégeux», a-t-il déclaré sur Twitter après le discours du Premier ministre pour présenter devant le CESE les grandes lignes de la réforme.

«Les retraites des grands patrons et les privilèges des assurances privées sont maintenus. Injuste et inéquitable», a-t-il ajouté.

«Allongement de la durée de cotisation, rien ou presque sur la pénibilité, toujours le flou sur les transitions... partenaires sociaux piétinés... c’est NON», s'est exclamé le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure sur le même réseau social.

Le porte-parole du Parti socialiste Rachid Temal a pour sa part brocardé «un allongement de l’âge du départ à la retraite à taux plein». «Fillon l’avait imaginé, Macron veut en faire une réalité», a-t-il ironisé.

Pour le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, «travailler plus, pensions calculées sur des points, fin des trimestres, âge pivot à 64 ans avec malus : le PM confirme le pire».

«Je ne veux jamais être ce père qui dira à son fils que j’ai sauvé ma retraite en sacrifiant la sienne ! La lutte continue ! Il faut généraliser la grève et amplifier les manifestations jusqu’au retrait», a pour sa part tweeté le porte-parole du NPA Olivier Besancenot.

Le numéro un de la CFDT Laurent Berger a réagi aux annonces d'Edouard Philippe sur les retraites en estimant que «la ligne rouge est franchie» avec l'âge d'équilibre à 64 ans, annonçant une réunion des instances de son syndicat dans l'après-midi pour «décider des actions dans les jours à venir».

«Il y avait une ligne rouge dans cette réforme, c'était le fait de ne pas mélanger la nécessité d'une réforme systémique [...] et la réforme paramétrique qui demanderait aux travailleurs de travailler plus longtemps, cette ligne rouge est franchie», a-t-il dit dans les couloirs du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il a dénoncé une réforme «lestée par un angle budgétaire accru».

Le niveau des pensions des enseignants sera «sanctuarisé». «Nous inscrirons dans la loi la garantie selon laquelle le niveau des retraites des enseignants sera sanctuarisé et comparable au niveau des retraites des fonctions ou des métiers équivalents dans la fonction publique», a-t-il annoncé. «Nous engagerons avant la fin du quinquennat les revalorisations nécessaires pour maintenir le niveau des pensions des enseignants, nous le ferons progressivement et nous commencerons dès 2021», a-t-il également assuré.

Le «retour à l'équilibre financier» sera confié aux partenaires sociaux, a assuré Edouard Philippe, en appelant à «ne pas fuir nos responsabilités en renvoyant au-delà du quinquennat les mesures nécessaires».

«Si les partenaires sociaux s'entendent sur une telle trajectoire, le gouvernement la prendra à son compte», a ajouté le Premier ministre, qui a annoncé «dès l'année prochaine» la mise en place d'«une gouvernance» qui «leur confiera les principaux leviers», afin de «prendre des décisions qui seront mises en œuvre dès le 1er janvier 2022».

Le projet de loi sur la réforme des retraites sera soumis au conseil des ministres le 22 janvier et discuté au Parlement fin février. «Le projet de loi de réforme des retraites sera prêt à la fin de l'année, nous le soumettrons au conseil des ministres le 22 janvier et il sera discuté au Parlement à la fin du mois de février», a souligné Edouard Philippe en présentant le détail de cette réforme controversée.

«Les femmes seront les grandes gagnantes» de la réforme, a assuré le Premier ministre.

Le nouveau système accordera notamment «des points supplémentaires pour chaque enfant, et ce dès le 1er enfant, et non à partir du 3e comme aujourd'hui», a-t-il expliqué, en précisant que «cette majoration de 5% par enfant sera accordée à la mère, sauf choix contraire des parents».

Les Français nés avant 1975 «ne seront pas concernés» par la réforme, confirme Edouard Philippe.

«Les plus riches paieront une cotisation de solidarité plus élevée qu'aujourd'hui», annonce le numéro un du gouvernement.

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé, ce 11 décembre, une majoration pour «les parents de familles nombreuses» en présentant le projet de réforme des retraites.

«Au-delà des 5% par enfant, nous accorderons 2% supplémentaires aux parents de familles nombreuses de 3 enfants et plus», a-t-il précisé.

«Pour garantir les pensions, pour financer un niveau élevé de solidarité, pour profiter de la hausse de l’espérance de vie, sans augmenter les impôts, la seule solution c’est de travailler un peu plus longtemps. Et progressivement un peu plus longtemps, comme c’est le cas partout en Europe, et partout dans le monde», argumente le Premier ministre, avant d'ajouter que le gouvernement «maintiendr[a] l’âge minimal de départ à la retraite à 62 ans».

Le Premier ministre explique que «le système universel permettra de mieux protéger les Français les plus fragiles, qui sont, de fait, trop souvent les oubliés du système». Edouard Philippe parle «de ceux qui partent avec des retraites très faibles malgré toute une vie de travail». Le gouvernement «garantir[a] une pension minimale de 1 000 euros net par mois pour une carrière complète au SMIC». Selon le chef du gouvernement, «ce sera une révolution sociale qui restera comme une conquête, notamment pour les agriculteurs, les artisans, les commerçants». Il poursuit : «Le gouvernement ira même plus loin, le minimum de pension sera garanti par la loi à 85% du SMIC dans la durée et évoluera comme celui-ci.»

Un système «universel», «cela veut dire pour tout le monde [...] ce sera notamment le cas pour le personnel politique», explique le Premier ministre. «Dans le système universel les élus, les ministres, seront traités comme tous les Francais», poursuit-il.

Edouard Philippe poursuit en annonçant que «le temps du système universel est venu, celui des régimes spéciaux s’achève».

«La France d’aujourd’hui, comme celle de 1945, veut être une France de solidarité. Une France où les travailleurs payent fièrement la retraite de leurs parents en sachant que quand viendra leur tour, leurs enfants les aideront à vivre décemment leurs retraites», poursuit le Premier ministre. 

Les partenaires sociaux fixeront la valeur du point «sous le contrôle du Parlement» annonce Edouard Philippe. Il souhaite une «règle d'or» pour que la valeur du point ne puisse pas baisser. Tous les Français auront «le même niveau de cotisation» sur «la totalité des revenus jusqu'à 120 000 euros», assure-t-il.

«Le temps est venu de construire un système universel de retraites», a affirmé le Premier ministre Edouard Philippe en entamant, ce 11 décembre, son discours concernant le projet controversé de réforme des retraites.

«Nous proposons un nouveau pacte entre les générations, un pacte fidèle dans son esprit à celui que le Conseil national de la Résistance a imaginé et mis en œuvre après-guerre», a-t-il poursuivi en soulignant avoir «écouté» et «entendu» les partenaires sociaux et l'ensemble des Français. «Cette réforme n'est pas une bataille», a-t-il insisté.

Alors que le projet gouvernemental de réforme des retraites a engendré une forte mobilisation des citoyens et des syndicats, le Premier ministre dévoile sa réforme et les compromis – voire les concessions – auxquels l'exécutif est prêt pour tenter de calmer la colère, alors qu'une septième journée de grève provoque toujours de fortes perturbations dans les transports.

Décalage dans l'application de la réforme, des périodes de transition pour les régimes spéciaux, éventuelle revalorisation des carrières de la fonction publique, notamment des enseignants, âge pivot, pénibilité, droits familiaux : le chef du gouvernement devra répondre à plusieurs inquiétudes. Dernière information en date, l'idée d'une mise en œuvre de la réforme à partir de la génération 1975, au lieu de 1963, se serait précisée au dîner de «calage» le 10 décembre à l'Elysée avec des ténors de la majorité, selon un participant cité par l'AFP.