Le gouvernement s'est aussi attiré la colère des professionnels du BTP. Depuis le 29 novembre, des entrepreneurs et salariés du bâtiment et des travaux public bloquent des dépôts pétroliers dans l'Ouest de la France, à Vern-sur-Seiche, près de Rennes, Brest, Lorient ou encore Le Mans. Conséquence : des centaines de stations-service de l'ouest sont à sec. Selon le décompte du quotidien régional Le Télégramme, 438 étaient concernées par une rupture totale et plus de 70 par une rupture partielle de carburant, ce 2 décembre à 15h.
Le BTP proteste contre la fin du gazole non routier, dit GNR. Il s'agit d'un carburant au tarif préférentiel pour les engins de chantier, taxé 20 centimes de moins par litre que le diesel utilisé dans les véhicules circulant sur la voie publique. Pour le gouvernement, il s'agit d'une niche fiscale vouée à disparaître, via une diminution progressive, à partir de 2020, pour s'aligner sur la taxation du gazole routier en 2023.
Avec cette mesure, l'Etat empocherait un milliard d'euros... mais les caisses des entreprises du bâtiment et des travaux publics souffriraient. Le manque à gagner est estimé à 700 millions d'euros, principalement pour les PME et TPE, selon les chiffres de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP).
Bruno Le Maire ne cède pas
Afin compenser cette baisse chez les professionnels, le gouvernement veut mettre en place un dispositif d'aide à la transition énergétique. Il s'agirait de remplacer les engins de chantier (tractopelles, tracteurs...) par d'autres moins polluants. Problème, sur les 30 000 engins en service en France, seuls un tiers seraient convertibles à l'électrique, selon la FNTP.
Face à la pression des entreprises du BTP, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a reçu une délégation d'une dizaine d'entrepreneurs du BTP à Bercy, ce 2 décembre à 11h jusqu'en début d'après-midi. Objectif : trouver un compromis pour que les blocages cessent.
Après quatre heures de négociation, les représentants du BTP n'ont pas réussi à faire plier le gouvernement mais ont obtenu quelques avancées, comme «des contrôles douaniers plus poussés pour débusquer les fraudes», rapporte notamment Le Télégramme. Suffisant pour débloquer les dépôts pétroliers ? Réponse dans les prochains jours.