Au moins deux personnes ont été gravement blessées lors de l'acte 53 des Gilets jaunes le 16 novembre à Paris, émaillé par de violents affrontements entre casseurs et forces de l'ordre. Un homme a reçu un une grenade lacrymogène, vraisemblablement tirée au lanceur selon les images, tandis qu'il discutait à l'écart, aux abords de la place d'Italie, où des violences avaient éclaté. Sa compagne, interrogée par France 3, a confirmé qu'il avait perdu son œil, ce 19 novembre.
ATTENTION, LES IMAGES SUIVANTES PEUVENT FORTEMENT HEURTER LA SENSIBILITE
Dans une vidéo apparue sur les réseaux sociaux, particulièrement choquante, on voit en effet le manifestant, visage découvert et lunettes jaunes autour du cou, parler calmement de la manifestation. Il est soudainement frappé violemment par le projectile, au niveau de l’œil gauche. Des street medics l'emmènent alors immédiatement sur le côté pour le prendre en charge.
Si on ignore le contexte qui précède le tir des forces de l'ordre, «Manu», Valenciennois de 41 ans, ne représentait aucune menace immédiate puisqu'on peut l'apercevoir, dans les secondes précédent l'impact, discuter calmement avec d'autres personnes.
«J'ai l'impression qu'il garde la rage à l'intérieur de lui»
Interrogée par France 3 ce 19 novembre, la compagne du manifestant a confirmé qu'il avait perdu définitivement l'usage de son œil et a décrit l'état d'esprit dans lequel il se trouve : «Le globe a été coupé à cause de la violence de l'impact. Les os sont fracassés, du coup, ça ne tient plus le globe oculaire. Il a maintenant l’œil bandé. Par la suite, il devra sûrement mettre une prothèse. Il souffre beaucoup [...] Il est choqué. Il se demande ce qu'il va faire de sa vie maintenant. Il a 41 ans. On essaie de le rassurer comme on peut. On lui dit qu'il va s'habituer. Il garde quand même son calme. J'ai l'impression qu'il garde la rage à l'intérieur de lui. Il en veut au gouvernement, aux CRS, à tout ce qui a fait que, alors qu'il était tranquillement en train de parler, pacifiste comme nous le sommes depuis le début du mouvement, il a été visé... Alors qu'il était juste tranquille. Il se pose beaucoup de questions.»
La préfecture a fait savoir que l'IGPN avait été saisie «à la demande du ministre de l'Intérieur». Dès le 18 novembre, le parquet de Paris avait ouvert une enquête judiciaire pour «violence par personne dépositaire de l'autorité publique avec armes ayant entraîné une interruption temporaire de travail de plus de huit jours».
Un journaliste indépendant défiguré
Par ailleurs, le même 16 novembre, également à proximité de la place d'Italie, un individu portant un insigne «presse» a été sérieusement blessé au visage par un projectile, qui a brisé la vitre de protection de son masque. Il s'agirait d'un jeune journaliste indépendant couvrant les mouvements sociaux pour une page Facebook nommée «Le Média pour vous».
Sur Facebook, le jeune homme s'est exprimé le soir du 16 novembre : «Apparemment j'aurais le nez cassé mais rien de très grave. J'aurais reçu une grenade "GLI F4" Je vous confirme cela dans les jours à venir quand j'aurais analysé mes vidéos et celle qui tourne.» Les forces de l'ordre ne se sont toutefois pas exprimées sur l'origine du projectile, ni sur le cas du jeune blessés, qui apparaît dans une vidéo le visage défiguré.
Il est néanmoins revenu sur le terrain dès le 17 novembre, pour filmer la mobilisation des Gilets jaunes à Paris.