Le 12 novembre au soir, une quarantaine de féministes, selon l'AFP, ont bloqué une avant-première du film «J’accuse» de Roman Polanski dans le cinéma parisien Le Champo, situé dans le Quartier latin. On pouvait entendre les militantes scander «Polanski violeur, cinémas coupables», tout en brandissant des pancartes sur lesquelles était écrit «Polanski persécute les femmes» ou encore «Dans ce cinéma on glorifie les violeurs».
Comme on peut le voir dans cette vidéo publiée sur le réseau social Twitter par le média L'importante – un média collaboratif dédié aux femmes – les militantes ont également brandi des pancartes avec les noms des accusatrices de Polanski, dont Valentine Monnier, qui dit avoir été «rouée de coups» et violée par le réalisateur franco-polonais en 1975 à l'âge de 18 ans, alors qu'elle était venue skier en Suisse avec une amie. Une accusation réfutée par l'avocat du cinéaste.
Un journaliste de Télérama a également posté cette vidéo où l'on peut voir un homme bloqué à l'entrée du cinéma par les manifestants.
Le monde du cinéma n'a pas tourné le dos au cinéaste
Dans la soirée, des avant-premières se déroulaient à Paris, dont la principale était organisée au cinéma UGC Normandie, sur les Champs-Elysées, en présence d'acteurs comme Vincent Perez, Michaël Youn et Pierre Richard, des journalistes Anne Sinclair et Guillaume Durand, ainsi que des personnalités comme Jean Veil, le fils de Simone Veil.
Roman Polanski, malgré toutes les accusations qui pèsent contre lui, conserve néanmoins de sincères soutiens dans le monde du cinéma. Invitée sur le plateau de BFMTV ce 13 novembre, Nadine Trintignant a tenu à défendre le réalisateur : «Ce ne serait pas Roman Polanski, on lui ficherait la paix», a-t-elle déclaré.
Ce n’est pas la première fois que des manifestations et rassemblements ont lieu pour dénoncer le cinéaste franco-polonais. En 2017, une pétition avait été lancée par la militante féministe Laure Salmona sur change.org afin que la Cinémathèque française annule la rétrospective des films du réalisateur.
Le collectif Osez le féminisme avait également appelé à un rassemblement lors de l'inauguration de cette rétrospective en présence du réalisateur, qualifié de «violeur pédocriminel», qui devait présenter son film «D'après une histoire vraie» lors d'une séance privée. Alors que la pétition avait recueilli plus de 48 000 signatures, le directeur de la Cinémathèque française avait pris la décision de maintenir la projection.
Dans une interview à l'édition polonaise de l'hebdomadaire Newsweek diffusée en mai 2017, Roman Polanski avait pour sa part qualifié le mouvement #MeToo, qui dénonce le harcèlement et les agressions sexuelles, d'«hystérie collective» et d'«hypocrisie». Il était notamment interrogé sur le mouvement contre le harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma, alors que l'Académie américaine des Oscars l'avait expulsé le 3 mai 2017 en réaction à une relation sexuelle illégale qu'il avait eue en 1977 avec une mineure de 13 ans.
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