Vertement critiquées à gauche comme à droite (pour des raisons différentes), les propositions annoncées le 6 novembre par le gouvernement pour «reprendre le contrôle de [la] politique migratoire» divisent jusqu'au sein même de la majorité. 11 députés LREM viennent de signer ce 7 novembre une tribune, rapportée par l'AFP, dans laquelle ils font connaître leur opposition aux choix du gouvernement, notamment sur l'Aide médicale d'Etat (AME).
Ce dispositif, qui permet à toute personne en situation irrégulière se trouvant sur le sol français de bénéficier de soins gratuits, a en effet été dénoncé comme trop coûteux par le gouvernement, qui entend donc limiter son application.
L'immigration, pomme de discorde de LREM ?
«Nous ne pouvons laisser croire que réduire cette aide aux dépens de la santé des plus vulnérables soulagerait notre système de solidarité nationale», déplorent les signataires de la tribune, communiquée à l'AFP.
Parmi eux, les députés LREM Martine Wonner, Jean-François Cesarini ou encore Sonia Krimi, appartenant à l'aile gauche de la majorité. Dans le texte, ils enjoignent le gouvernement à ne pas céder «à l'urgence et à la facilité».
Selon les députés, les propositions du Premier ministre «compliquent l'accès aux soins de personnes en situation de très grande précarité». «Députés de la majorité, nous nous attachons à l'efficacité des dispositions votées et à l'amélioration des services rendus à la population : sur ce sujet, nous craignons de ne pas répondre à ces deux impératifs», ajoutent-ils dans leur tribune.
Sujet sensible, l'immigration suscite un certain nombre de divisions au sein de la société française. Le camp présidentiel ne fait pas exception à la règle.
En 2018, lors du vote sur la loi asile et immigration, un certain nombre de voix discordantes s'étaient élevées au sein de la majorité. Déjà, la députée de la Manche Sonia Krimi s'était fait remarquer par une question incisive au gouvernement, rappelant les propos tenus par Emmanuel Macron lors d'un discours à Orléans, où celui-ci avait appelé à «plus d'humanité et de dignité» dans l'accueil des migrants. Elle s'était abstenue lors du vote du texte.
Le député LREM de la Vienne Jean-Michel Clément était allé jusqu'à voter contre la loi asile et immigration, ce qui lui avait valu une exclusion du groupe. A cette occasion, il avait dénoncé une «majorité pléthorique, où on nous impose un devoir de silence». Le président du groupe LREM Richard Ferrand avait alors déclaré : «Si s'abstenir est un péché véniel, voter contre un texte est un péché mortel qui mérite l'exclusion».