Ce devrait être une des propositions phares du conseil des ministres, ce mercredi 6 novembre. La ministre du Travail Muriel Pénicaud va annoncer que des «quotas» (à savoir des objectifs chiffrés) d'immigration professionnelle seront fixés chaque année à compter de l'été 2020. Objectif : que la France recrute en fonction des besoins de son marché du travail. «C'est la France qui recrute par rapport à ses besoins», a ainsi expliqué la ministre au micro de RMC/BFM TV, excluant en outre tout quota en fonction du pays d'origine.
Insuffisant, pour Les Républicains
L'annonce n'a pas manqué de faire réagir la classe politique. Du côté des Républicains, on reste sur sa faim. Si l'idée de quotas, portée par Nicolas Sarkozy quand il était chef de l'Etat, est saluée, le parti présidé par Christian Jacob trouve l'initiative du gouvernement insuffisante. «C’est une idée que nous défendons depuis de nombreuses années donc je ne vous dirai pas que c’est une mauvaise idée», a déclaré Aurélien Pradié, le secrétaire général de LR, sur Sud Radio. Avant de tempérer : «Qu’Emmanuel Macron ne vienne pas nous baratiner : s’il veut le faire, il faut un vote, il faut transformer la loi» afin qu’elle fixe «le niveau de quotas».
Pour Guillaume Peltier, vice-président du parti, ce projet est insuffisant. «Rien sur l’expulsion des clandestins et des déboutés du droit d’asile, rien sur la suppression des filières de mafieux, de passeurs», a-t-il énuméré sur Europe 1.
La gauche dénonce un projet «honteux» et «stigmatisant»
Son de cloche différent à gauche. Valérie Rabault, présidente du groupe Parti socialiste (PS) à l'Assemblée nationale, alerte sur la «stigmatisation» de ceux qui bénéficieront, ou pas, des quotas. Elle dénonce plus globalement l'«instrumentalisation» par le gouvernement de la question migratoire.
Manon Aubry, députée européenne La France insoumise, s'est montrée tout aussi indignée par le principe de quotas d'immigrés professionnels. Selon elle, il s'agit d'un projet «irresponsable d’un point de vue de santé publique» et «honteux au regard de la protection des droits humains».
Une projet piloté par le Medef, selon Le Pen
Enfin, un dernier angle d'attaque contre le projet gouvernemental a été employé par la président du Rassemblement national (RN). Selon Marine Le Pen, citant un document qu'«on [lui] avait transmis» et dont elle diffuse une photographie sur Twitter ce 5 novembre, une «nouvelle immigration» était «réclamée» par le mouvement patronal Medef, via notamment l'établissement de quotas en matière migratoire.
Au sein du RN également, l'eurodéputé Nicolas Bay a dénoncé une «escroquerie totale du gouvernement», faisant valoir que seule une minorité des immigrés arrivant sur le sol français viendraient pour travailler. «Instaurer des quotas d’immigration sur les travailleurs» reviendrait à ne pas restreindre l'arrivée de tous les autres immigrés, conclut-il.
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