Le 25 octobre, l’Assemblée nationale a voté à main levée l’expérimentation du cannabis à usage médical. Cet amendement, souhaité initialement par le rapporteur LREM, Olivier Véran, entre dans le cadre de l'examen du projet de budget de la sécurité sociale pour 2020. Il autorise, pour deux ans, l'expérimentation de cette plante vis-à-vis de laquelle L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait déjà donné son aval.
Un apport thérapeutique supplémentaire
Cette expérimentation concernera des personnes souffrant de maladies graves, comme certaines formes d'épilepsies, des douleurs neuropathiques, des effets secondaires de chimiothérapie, de soins palliatifs ou encore de contractions musculaires incontrôlées de scléroses en plaques – pour lesquelles les dérivés du cannabis peuvent constituer un apport thérapeutique supplémentaire.
«L'essai pourra porter sur 3 000 patients en France et visera à expérimenter l'impact positif des dérivés du cannabis sur certaines pathologies», a expliqué le député isérois Olivier Véran, en rappelant que «17 pays de l'Union européenne ont déjà autorisé ce genre de traitements».
Il ne s'agit pas de développer un nouveau médicament
L'essai sera mené dans plusieurs centres hospitaliers, en particulier des centres de référence pour les pathologies concernées. Une prescription initiale hospitalière sera effectuée par un médecin spécialiste, neurologue ou médecin de la douleur notamment. Pour s'en procurer, les patients devront d'abord se rendre en pharmacie hospitalière puis pourront renouveler leurs traitements en pharmacie de ville. Le député de l'Isère a néanmoins tenu à préciser que «ce n'est absolument pas la martingale, ce n'est pas le Graal de l'anti-douleur, il ne s'agit pas de développer un nouveau médicament qui remplacerait le paracétamol ou un autre antalgique, mais de trouver le moyen d'un nouveau traitement adjuvant».
Fleurs séchées, huiles et tisanes
L'ANSM s'est prononcée en faveur de moyens d'administration assez larges. Le traitement pourra ainsi prendre la forme de fleurs séchées, d'huiles, et éventuellement de tisanes. Les différentes posologies pourront intégrer des rapports très variables entre les deux principes actifs : le tetrahydrocannabinol (THC) aux effets psychoactifs, et le cannabidiol (CBD) qui entraîne plutôt une relaxation musculaire.
La mesure a été accueillie favorablement dans l'Hémicycle. «Il faut passer outre les critiques qui sont faites autour de cette proposition puisqu'un groupe d'experts avait validé le principe», a estimé le député LR Jean-Pierre Door. La secrétaire d'Etat Christelle Dubos espère voir cette expérimentation débuter dès le premier semestre 2020. Le communiste Pierre Dharréville a toutefois tenu à rappeler que «[...] cela pose la question de la filière d'approvisionnement, la France n'autorisant pas la production de cannabis».
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