France

Assassinats à la préfecture de police de Paris : «Un scandale d'Etat» pour Alexandre del Valle

Le procureur national antiterroriste a confirmé le scénario djihadiste de l'attaque de la préfecture de police de Paris. Le géopolitologue Alexandre del Valle estime par voie de conséquence que ce fait «va nous discréditer auprès de nombreux pays».

Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard a levé les doutes sur les intentions islamistes de Mickaël Harpon, le meurtrier de l'attaque de la préfecture de police de Paris commise le 3 octobre. Pour le géopolitologue Alexandre del Valle, invité sur RT France, cette annonce de la radicalisation du meurtrier n'est pas «une surprise» car il juge que, dès le premier jour de l'attaque, il y avait «tous les marqueurs» de cette radicalisation.

Il critique de fait les personnes qui, dans les médias, «psychiatrisent» et font les «indignés» malgré «l'évidence», trouvant des excuses au passage à l'acte : «Le réflexe maintenant systématique – comme dans un pays où il n'y a pas de liberté d'expression – c'est de nier l'évidence.» Alexandre del Valle assure également que des policiers ont reçu «des pressions pour ne pas dire les choses telles qu'elles sont, pour minimiser [l'acte]».

Le spectre de Magnanville

«Cela réveille les théories du complot», regrette le professeur à l'IPAG-Paris. «Si on n'est pas transparent, comment voulez-vous que les Français aient confiance dans les services qui sont censés les défendre ?», poursuit-il, en référence aux premières déclarations du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner qui, le 3 octobre, avait attesté que le tueur était un adjoint administratif qui n'avait «jamais présenté de difficulté comportementale», ni «le moindre signe d'alerte».

Imaginez, depuis 2015, le nombre de documents qu'il a pu donner à des islamistes qui, un jour, pourront s'en prendre [aux policiers]

«La conversion, les propos sur Charlie Hebdo, les propos sur l'islamophobie, [sa condamnation] pour avoir frappé sa femme» sont pour Alexandre del Valle «des signaux faibles qui montrent qu'on [avait] affaire à quelqu'un de dangereux, de violent et qui [pouvait] un jour avoir le profil de celui qui passe à l'acte».

Il dénonce par ailleurs le manque de moyens humains pour réaliser des habilitations sérieuses, notamment dans le genre de service où travaillait l'assaillant, Mickaël Harpon. Il ajoute que dans d'autres services, comme la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), le maintien au poste du tueur serait vu comme une aberration.

«C'est un scandale d'Etat», s'inquiète-t-il au demeurant, notant que cela «va nous discréditer auprès de nombreux pays» : «Quelqu'un qui a accès aux adresses des policiers... Vous vous rendez compte si ce monsieur était infiltré par Daesh ou par d'autres islamistes indirectement ? Imaginez, depuis 2015, le nombre de documents qu'il a pu donner à des islamistes qui, un jour, pourront s'en prendre [aux policiers].»

Alexandre del Valle a notamment évoqué le cas de Magnanville du 13 juin 2016, lorsque le commandant adjoint du commissariat des Mureaux Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif du commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, avaient été assassinés par un djihadiste à coups de couteaux, sous les yeux de leur fils de trois ans et demi. Alexandre del Valle craint enfin ainsi que Daesh ou une organisation islamiste ait «réussi un magnifique exemple d'infiltration, [en retournant] un agent, un agent double, [...] une technique de retournement de type espionnage de haut niveau».

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