France

Après le discours choc de Zemmour, les journalistes du Figaro et LCI interpellent leurs directions

L'intervention d’Eric Zemmour à la convention de la droite continue de provoquer des remous. Les Sociétés des journalistes (SDJ) du Figaro, employeur du polémiste et de LCI qui a diffusé le discours, ont interpellé leurs directions.

Malaise dans une partie du monde journalistique français : le 30 septembre, les Sociétés des journalistes (SDJ) du Figaro et de LCI ont tenu à manifester leur rejet des propos d’Eric Zemmour prononcés, le 28 septembre, lors de la convention de la droite, ce grand raout de la droite conservatrice et identitaire à laquelle ont notamment participé Marion Maréchal, Robert Ménard, Elisabeth Lévy ou encore Jean-Frédéric Poisson.

Lors de son intervention dans le cadre de cet événement, l'essayiste, journaliste et polémiste a notamment mis en garde contre l'«islamisation» de la France, brocardé des personnalités médiatiques et politiques, prôné la préférence nationale et suggéré une référence au concept de «grand remplacement» : «L'Etat français qui fut le génie bienveillant des populations françaises, est devenu par un retournement incroyable l'arme de destruction de la nation et de l'asservissement de son peuple, par le remplacement de son peuple par une autre civilisation», a-t-il déclaré.

Parmi les  autres déclarations d'Eric Zemmour ayant fait polémique, figurent : «Tous nos problèmes aggravés par l'immigration, sont aggravés par l'islam ; c'est la double peine» ou encore «Les jeunes Français vont-ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ; si oui, ils méritent leur colonisation ; sinon, ils devront se battre pour leur libération».

Les SDJ du Figaro et de LCI montent au créneau

La SDJ du Figaro – l'un des employeurs d'Eric Zemmour – a adressé un courrier à sa direction, dans lequel elle affirme que «les journalistes du Figaro, dans leur immense majorité, ne veulent pas être associés [aux] provocations» du polémiste.

«La SDJ demande instamment à la direction de la rédaction de mettre un terme à cette situation ambiguë», poursuit-elle, fustigeant également «la position fort commode, de rentier de la polémique» dans laquelle se trouverait Eric Zemmour. Face à cette fronde naissante, la direction du Figaro n’a, pour l’heure, fait aucune déclaration.

L'indignation a également touché la rédaction de LCI. La SDJ de la chaîne d’information – qui a retransmis l’intégralité du discours d’Eric Zemmour – avait ainsi réagi sur Twitter, le 29 septembre : «La SDJ de LCI se désolidarise de la décision de notre direction de diffuser en direct et en intégralité, un discours d’Eric Zemmour, définitivement condamné pour provocation à la haine raciale le 17 septembre dernier.»

Cet émoi a visiblement fait réagir la direction de LCI. Dans un entretien publié ce 30 septembre au Parisien, le patron de la filiale de TF1, Fabien Namias, a formulé un mea culpa : «C’est une erreur. Incontestablement, on le regrette et ce n'est pas le genre de choses qui se refera sur LCI», a-t-il assuré. «L'idée de départ était donc d'écouter ce qu'Eric Zemmour avait à dire pour voir ce qui alimente le discours de l'extrême droite. Il vend des milliers d'exemplaires de ses livres, et on l'entend en permanence sur les médias», s'est-il justifié, avant de reconnaître «une erreur de méthode». 

Une partie de la presse est également tombée à bras raccourcis sur la convention de la droite : le journal de gauche Libération a dénoncé une «caricature radicale», Paris Match a pointé des «propos extrêmes» et L'Obs a vu dans le discours d'Eric Zemmour «de la violence à l'état pur». Les organisateurs ont, de leur côté, évoqué un «succès» et Erik Tegnér, président de Racines d'Avenir (un mouvement faisant partie des organisateurs de la convention), s'est félicité que le discours d'Eric Zemmour «scandalise les médias et l’élite bien-pensante depuis samedi».

En outre, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), interrogé par l’AFP, a rapporté avoir reçu «près de 400» saisines liées à cette diffusion.

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