Des figures de gauche française font bloc derrière Greta Thunberg : l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot (EELV), l'ancienne ministre socialiste de l'écologie Ségolène Royal (PS) et la député Clémentine Autain (LFI) ont salué, ce 24 septembre, la plainte déposée au Comité des droits de l'enfant de l'ONU par Greta Thunberg et 16 autres jeunes âgés de 8 à 17 ans contre plusieurs Etats, dont la France. Avec l'Allemagne, l'Argentine, le Brésil et la Turquie, la France doit répondre «de ne pas avoir tenu ses engagements» en matière climatique.
La plainte s'inscrit dans le cadre la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE), ratifiée par 44 pays en 1989, et stipulant que les mineurs ont le droit de porter plainte s'ils estiment leurs droits bafoués. Des pays comme les Etats-Unis, l'Inde et la Chine, n'étant pas membres de cette convention, ne pouvaient pas être visés.
Jadot, Autain ou Royal saluent la plainte contre la France
Pour Yannick Jadot, qui s'est exprimé sur LCI, les activistes ont eu raison «d'interpeller le gouvernement pour leur dire : vous n'en faites pas assez». L'eurodéputé écologiste a insisté : «L'inaction devient criminelle.» Ségolène Royal a, de son côté, assuré que cette plainte ne pouvait être que bénéfique pour la France, car le pays pouvait «s'appuyer sur cette plainte pour bousculer les différents lobbys qui ne veulent pas bouger». L'ex-ministre socialiste a été rejointe en ce sens par la députée insoumise de Seine-Saint Denis, Clémentine Autain, qui, sur LCI, a avancé que la plainte était «utile parce qu'il faut saisir toutes les possibilités d'interpeller les États qui mènent des politiques aujourd'hui contraires à l'objectif d'urgence».
Outre sa plainte, Greta Thunberg a interpellé les dirigeants mondiaux, le 23 septembre à l'ONU, sur les conséquences du changement climatique dont ils sont, selon l'égérie écologiste, en partie responsables. Elle a martelé à cette occasion : «Vous nous avez laissés tomber. Mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. Si vous décidez de nous laisser tomber, je vous le dis : nous ne vous pardonnerons jamais. Nous ne vous laisserons pas vous en sortir comme ça.»
L'exécutif contre-attaque
L'exécutif, de son côté, ne s'est pas laissé démonté par les critiques et la plainte de Greta Thunberg.
Sur Europe 1, le président de la République a dénoncé les «positions très radicales» que la Suédoise âgée de 16 ans a exprimées à la tribune de l'ONU. Emmanuel Macron regrette que la plainte se concentre sur la France et l'Allemagne, qui ne sont pas, selon lui, de mauvais élèves en matière écologique. Et d'appeler les jeunes «à faire pression sur ceux qui bloquent, en se mobilisant».
Le chef de l'Etat a ainsi été dans la droite ligne de sa déclaration du 23 septembre quand il appelait les participants des marches pour le climat à «manifester en Pologne» plutôt qu'en France, reprochant à cette dernière de «bloquer» la prise d'engagements écologiques au niveau européen – ce à quoi la Pologne a répondu en faisant valoir ses performances sur le sujet.
Emmanuel Macron a bénéficié du soutien de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale : le membre du gouvernement a fait valoir qu'«il ne [fallait] pas non plus créer une génération de déprimés autour de ce sujet», jugeant que Greta Thunberg en faisait «certainement» trop. Dans cette lignée, Brune Poirson, la vice-président de l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement (ANUE), et Agnès Buzyn ministre de la Santé, ont également apporté leur soutien au positionnement de l'Elysée. «Notre gouvernement est le premier gouvernement européen à avoir annoncé la fermeture des centrales à charbon. […] Je trouve ça fort de café que la France soit attaquée pour son inaction climatique alors que les plus gros pollueurs ne le sont pas», a fait valoir cette dernière.
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