France

«Sourde crise de confiance démocratique» : des experts veulent réécrire le droit des étrangers

Neuf experts de l'accueil des migrants proposent une réécriture du droit des étrangers en France et estiment qu'il faut sortir des postures pour ne pas alimenter l'argumentaire des «partisans du désordre et de l'instrumentalisation de l'immigration.»

Neuf personnalités expertes du sujet de l'immigration en France, dont l'ancien directeur de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), ont écrit dans le journal Le Monde du 17 septembre une tribune annonçant leur volonté de proposer une «réécriture du droit des étrangers en France».

Publié deux semaines avant débat sur la politique migratoire voulu par le président Emmanuel Macron, le texte, aux accents lyriques, s'indigne : «Qui peut accepter de voir tant de femmes, d’hommes et d’enfants livrés à la violence et aux dérives de tous ordres dans les rues et les campements à Paris, Nantes, Metz, Bordeaux ou Toulouse ? La non-application du droit alimente une sourde crise de confiance démocratique. Comment s’étonner que cela nourrisse chaque jour un peu plus la défiance, le rejet et la xénophobie, masquant l’ampleur de l’intégration et des réussites ?»

L’accueil des étrangers est devenu [...] catalyseur d’une crise sociale, de clivages politiques et identitaires

Les signataires préparent donc «un rapport» d'ici le début de l'année 2020, qui constituera cette «réécriture», souligne Pascal Brice auprès de l'AFP. Et de souligner que l'idée est née d'une «inquiétude ancienne» et d'un constat selon lequel, en la matière, il y a «soit du déni soit une posture martiale».

Le collège de penseurs déplore aussi «la violence du débat aux Etats-Unis» et estime qu'«en France, comme ailleurs en Europe et dans le monde [...] l’accueil des étrangers est devenu – ou redevenu – l’un des catalyseurs d’une crise sociale, de clivages politiques et identitaires, d’une crise européenne, qui dépassent cette question.»

Selon eux cette problématique qui va de la «posture» anti-immigrationniste à «la surenchère pour un accueil sans règles ni limites» constitue «autant d’attitudes qui étouffent le débat.» Ils appellent donc à «sortir de ces postures stériles.» 

Ils préviennent également : «La non-application du droit alimente une sourde crise de confiance démocratique» et s'alarment : «Les politiques publiques adoptent trop souvent le réflexe conduisant à parier que de mauvaises conditions d’accueil dissuaderont les arrivées. Qui peut s'en satisfaire, sinon les partisans du désordre et de l'instrumentalisation de l'immigration ?»

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