«Cette condamnation est inadmissible, incompréhensible, c'est tout simplement scandaleux» : comme une cinquantaine de personnes, Anne, une ex-habitante de Levallois, a fait le déplacement pour signer un livre d'or de soutien au couple Balkany, entreposé devant l'hôtel de ville.
Réaction similaire pour Nathalie, qui vit dans cette ville cossue des Hauts-de-Seine depuis 12 ans : «Aller en prison pour fraude fiscale, c'est complètement disproportionné ! Il paye pour tous les autres.» «Cette histoire de mandat de dépôt, ça n'a pas de précédent. Personne, aucun politique condamné n'a dormi en prison. On fait ça pour l'humilier», abonde Thierry Khayat, tee-shirt blanc floqué de l'inscription «soutien total à Balkany». «Le fait qu'il aille en prison, ça le renforce dans le cœur des Levalloisiens», poursuit-il.
Une heure après le début du rassemblement, Isabelle Balkany, qui assure l'intérim de son époux en tant que première adjointe, est sortie, sous les acclamations, saluer les habitants. «Je suis profondément touchée», a déclaré à la presse Isabelle Balkany, qui a été condamnée à trois ans de prison ferme, mais sans mandat de dépôt.
Figure de la droite française et maire de Levallois quasiment sans interruption depuis 1983, Patrick Balkany a été incarcéré le 13 septembre à la prison de la Santé à Paris, dans la foulée de sa condamnation.
Le tribunal a jugé le couple Balkany coupable de n'avoir pas payé l'ISF entre 2010 et 2015, malgré des actifs estimés pour chaque année à 16 millions d'euros minimum, et d'avoir déclaré des revenus amplement sous-évalués entre 2009 et 2014. Au total, les sommes éludées sont estimées par le fisc à plus de 4 millions d'euros d'impôts sur le revenu et sur la fortune, un montant contesté par la défense.
Le couple, qui a en outre été condamné à dix années d'inéligibilité et dix ans d'interdiction de gérer une société, a fait appel. Il s'agit du premier des deux jugements attendus après le procès ultra-médiatique du printemps. Pour le second volet, consacré aux délits de blanchiment et de corruption, le délibéré est attendu le 18 octobre.