Evoquant le sort des réfugiés qui arrivent en Europe, le président de la République a sorti le martinet. L'objet sa colère ? Les positions prises par plusieurs pays de l'Est, peu enclins à recevoir sur leurs sols des milliers de migrants en transit.
Une attaque à fleuret non-moucheté, qui visait incontestablement les «Quatre» de Visegrad ayant annoncé vendredi dernier leur opposition ferme aux quotas de réfugiés imaginés par le duo franco-allemand, et la Hongrie en particulier qui achève la construction de son mur de barbelés la séparant de la Serbie.
«Il y a des pays qui voudraient faire des critères ethniques, qui voudraient accueillir certains réfugiés et pas d'autres, qui veulent bâtir des murs, mais qu'auraient pensé ces pays si nous avions agi ainsi il y a 30 ans, lors de la chute du mur de Berlin ?», a tancé François Hollande, rhabillant pour l'hiver la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Une fessée musclée aux «petits» pays de l'Est qui n'est pas sans rappeler celle que leur avait administrée un autre Corrézien en 2003, Jacques Chirac.
En effet, à l'époque, alors que la France et l'Allemagne se sont fermement opposées à une intervention européenne en Irak aux côtés de l'allié américain, plusieurs petits pays, la plupart ex-communistes de l'Est, ont alors décidé de prendre la plume pour réclamer au contraire «un front uni face à l'Irak». Les dix du groupe de Vilnius qui devaient adhérer un an plus tard (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Chypre et Malte) plus la Bulgarie, la Roumanie (adhésion en 2007) et la Turquie en seront alors pour leur frais.
Lors d'une conférence de presse, Jacques Chirac rappelle ainsi à l'ordre ces futurs pays européens «trop alignés sur la politique américaine». «Ce n'est pas un comportement très responsable. En tous les cas, ce n’est pas très bien élevé. Donc, je crois qu’ils ont manqué une bonne occasion de se taire», avait alors asséné le président français sur un ton condescendant.
A l'époque, cette sortie chiraquienne avait fait couler beaucoup d'encre et créé un mini-séisme politique au sein de l'Union. La France, accusée de se comporter de «manière bien peu démocratique» par le président roumain avait surtout été critiquée pour son «arrogance», perçue par beaucoup de petits pays comme blessante. «On se refait pas» comme dit le proverbe.