A Lyon, Nantes, Toulouse et Nîmes, des groupes de supporters ont déployé le 31 août dans les stades un florilège de banderoles très inspirées hostiles au gouvernement et à la Ligue de football professionnel (LFP), en plein bras de fer autour de la polémique accusant d'homophobie leurs chants et slogans.
Durant le match Lyon-Bordeaux, lors la 4e journée de Ligue 1, des supporters du virage sud du Groupama Stadium ont par exemple adressé à la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa une banderole sur laquelle on pouvait lire : «Schiappa, tu parleras d'homophobie au Qatar-2022 ?» et entonné des slogans vindicatifs à l'encontre de la Ligue de football professionnel, en référence à l'hôte de la prochaine coupe du monde, réputé peu soucieux des droits des personnes homosexuelles.
Fifa, Roxana [Maracineanu, la ministre des Sports], Schiappa : l'homophobie n'est-elle grave que sans pétrodollars ?
La rencontre n'a cette fois pas été interrompue par l'arbitre Antony Gautier, contrairement à ce qui s'était produit le 16 août, lors de la rencontre entre Nancy et Le Mans, où pour la première fois en France, un match de football a été interrompu après que l’arbitre Mehdi Mokthari eut constaté des chants homophobes proférés en tribune. Une décision dont s'était réjouie Marlène Schiappa.
Les autorités provoquent l'ire des habitués des stades
«Fifa, Roxana [Maracineanu, la ministre des Sports], Schiappa : l'homophobie n'est-elle grave que sans pétrodollars ?», pouvait-on lire sur une autre banderole brandie par le groupe des Bad Gones, du côté du virage nord.
«Nous faire la leçon sur la prétendue homophobie de nos tribunes, après être allé promouvoir le sport français au Qatar ? Vous nous prenez vraiment pour des cons», pouvait-on lire en tribune sur une banderole à Nantes, lors du match face à Montpellier.
Des supporters ont aussi pris appui sur des références cinématographiques populaires : «Le Père Noël est une ordure sans "je t'encule Thérèse", c'est aussi plat qu'un stade sans second degré», ont-ils ironisé. A Nîmes, des supporters, moins insolents mais tout aussi taquins, ont écrit : «Pas d'homophobie chez nous... La Ligue, la Ligue, on t'accule», rapporte L'Equipe, puis «Chez nous ni racisme ni homophobie, chez vous incompétence et connerie».
A Toulouse, on pouvait lire «Toujours en L1 trois ans après merci PD», une allusion à Pascal Dupraz, l'ancien entraîneur.
Le gouvernement et les instances du foot français réclament plus de sévérité cette saison dans la lutte contre l'homophobie. Plusieurs matchs ont été interrompus après des chants homophobes, dont celui entre Nice et Marseille le 28 août. Cette fermeté provoque la colère de certains groupes de supporters qui se disent caricaturés et semblent vouloir aller au bras de fer avec les autorités, pour contester en bloc une politique qu'ils jugent trop sécuritaire en matière de restrictions de déplacement ou d'interdiction de fumigènes en tribunes.
Une réunion est prévue le 5 septembre à la Ligue entre associations de lutte contre l'homophobie et associations de supporters.