Malgré la multiplication des manifestations de soutien envers les migrants, l'opinion publique française est toujours majoritairement opposée à un accueil massif des populations réfugiées. D'après un sondage Oxoda, 55% d'entre eux refusent que l'Hexagone suive l'exemple de l'Allemagne en assouplissant les conditions d'octroi du statut de réfugié aux migrants, notamment aux Syriens fuyant la guerre civile.
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«Notre question a été posée après le choc produit par la diffusion des images bouleversantes du petit Aylan», a expliqué Gaël Sliman, président d'Oxoda, faisant référence à l'enfant syrien retrouvé mort sur une plage grecque. Malgré l'émotion provoquée par la photographie, les Français sont encore 62% à estimer que les réfugiés syriens ne méritent pas un meilleur accueil, signifiant qu'ils doivent être considérés comme des migrants économiques ne relevant pas du droit d'asile, et donc être accueillis au compte-goutte.
Les Français sont néanmoins favorables à deux questions posées lors du sondage, telles que la mise en place de quotas. Sensés offrir une répartition équilibrée de l'accueil de migrants au sein de l'Union Européenne (UE), ces quotas, selon les Français, doivent soulager l'Hexagone d'une partie de ses réfugiés en poussant d'autres pays à jouer le rôle dans la gestion de crise. Ils sont 69% à se prononcer pour la mise en place de quotas. Autre élément fédérateur de l'opinion publique : l'idée d'une intervention militaire au sol en Syrie. Les Français y sont favorables à 61%, toutes catégories politiques confondues. Ils sont d'ailleurs 78% à souhaiter plus d'action, estimant que «face à la crise des migrants et des réfugiés venus de Syrie, les dirigeants européens n'ont pas réagi comme il le fallait», d'après Gaël Sliman.
En Europe, un consensus délicat
Alors que l'UE réfléchit encore à l'imposition de quotas pour accueillir les migrants, les réactions des Etats-membres montrent des désaccords persistants sur la question. D'un côté, l'Allemagne, relativement solitaire dans sa volonté d'accueil massif des migrants. Alors que les syndicats patronaux outre-Rhin ont révélé que le besoin de main d’œuvre rendait bénéfique cette émigration, des milliers de réfugiés ont pu quitter la Hongrie, vendredi 4 septembre, pour être accueillis, bras grands ouverts, à Berlin et Munich.
Dans cette initiative, les autorités allemandes sont soutenues par Paris. Le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel, à l'origine de la volonté des quotas d'accueil, ont annoncé qu'ils se réuniraient le 14 septembre pour travailler à la mise en place d'un «mécanisme d'accueil permanent et obligatoire en Europe». Une initiative encouragée par Berlin mais qui ne fait pas l'unanimité ailleurs en Europe.
En effet, face à l'humanisme affiché des deux premières économies de la zone euro, une partie des Etats-membres de l'UE affiche encore une forte résistance à une gestion adoucie de la crise des migrants, notamment en Europe de l'Est. La question des quotas, notamment, qui ouvriraient l'accès aux migrants à l'ensemble des pays de l'UE, a provoqué des réactions de rejet. Réunis à Prague samedi 5 septembre, la République Tchèque, la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie se sont montrés totalement opposés aux quotas. Les quatre pays s'étaient réunis en marge du sommet des ministres des Affaires étrangères de l'UE qui se tenait au Luxembourg, pour marquer leur désapprobation face à la gestion de la crise.
Les quatre pays ont aussi appelé l'UE à ne pas se focaliser exclusivement sur les migrants arrivant par la méditerranée (et qui concernent principalement la Grèce, l'Italie et l'Ouest de l'Europe). Ils ont rappelé qu'un nombre important de migrants tente de rejoindre l'UE via les Balkans et que le soutien financier lié à cette crise doit être mieux réparti entre l'Ouest et l'Est du continent. Face aux arrivées massives de migrants en provenance de la Serbie, la Hongrie, frontière de l'UE, avait commencé l'érection d'un mur de barbelés, sensé empêcher les intrusions incontrôlées de migrants au sein de l'espace Schengen.