France

Imbroglio au Grand Orient de France autour d'un texte accusant le CRIF de favoriser l'antisémitisme

En raison d'une «erreur administrative», la proposition antisioniste d'une loge parisienne s'est retrouvée au menu du vote de l'assemblée générale du Grand Orient de France, suscitant une levée de boucliers. Elle a finalement été retirée.

Le Grand Maître du Grand Orient de France (GODF), Jean-Philippe Hubsch, a mis les points sur les i. «Non, les francs-maçons ne sont pas antisémites, comme ils ne sont ni racistes, ni xénophobes», a-t-il souligné dans un communiqué publié le 26 août après une polémique qui a agité la principale loge maçonnique française.

A l'origine de l'imbroglio, un «vœu» (une proposition soumise à un vote) émis par la loge parisienne «Maximilien l’Incorruptible», qui revendique quelque 53 000 membres, a mis le feu aux poudres. Dans son texte, cette loge, l'une des 1 360 que compte le GODF, demandait aux responsables de l'organisation de ne plus participer aux manifestations du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Le motif invoqué, selon le texte cité par l'AFP et le Figaro : le CRIF serait un relais de la politique israélienne, approuvant «le grignotage par Israël des territoires palestiniens» et favorisant in fine la montée de l'antisémitisme en France.

En raison d'une «erreur administrative», selon Jean-Philippe Husch, ce vœu a été envoyé, sans suivre la procédure habituelle (qui requiert d'abord un vote régional avant un éventuel vote national) directement au menu de l'assemblée générale du GODF, le Convent, qui a lieu à Rouen en fin de semaine. Mais, choqués par le contenu du texte, certains francs-maçons l'ont rendu public, demandant à ce qu'il soit retiré, ce qui sera finalement chose faite le 26 août.

Mais la polémique était lancée. Cité par le Figaro, le président du CRIF, Francis Kalifat, raconte : «Je suis passé de la colère, puis de la stupéfaction à l’incompréhension. Comment une institution comme la Franc-Maçonnerie pouvait-elle émettre un vœu [...] à la limite antisémite par les termes employés ?» Et le responsable d'accuser : «Certes, j’ai aussitôt reconnu la prose mélenchonienne qui n’hésite pas, c’est un comble, à rendre le CRIF responsable de l’antisémitisme mais j’ai eu très vite une conversation avec le Grand Maître du Grand Orient. Il était aussi effondré que moi.»

Dans un communiqué, le Grand Maître du GODF, ainsi que le président du Convent Christian Mathieu s'indignent : «Sur le fond, comment peut-on imaginer que des francs-maçons du Grand Orient de France puissent être antisémites ?»

Se disant «pleinement satisfait» de la réaction du GODF, Francis Kalifat affirme que l'«affaire est close» et assure : «Il n’y a pas de rupture entre le CRIF et le Grand Orient.»

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