La figure médiatique et médiatisée de la lutte climatique Greta Thunberg, invitée ce 23 juillet à l'Assemblée nationale par des parlementaires, n'est pas la bienvenue aux yeux de certains députés des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN).
L'eurodéputé frontiste Jordan Bardella a ainsi dénoncé sur France 2 «la dictature de l'émotion» et une «nouvelle forme de totalitarisme» avec la venue de l'adolescente suédoise. «On est au-delà du ridicule», a-t-il asséné.
«Greta Thunberg a été invitée à l’Assemblée nationale pour la séance. Je respecte la liberté de penser... mais ne comptez pas sur moi pour applaudir une prophétesse en culottes courtes, "Prix Nobel de la peur". La planète, oui. Le greenbusiness, non», a ainsi tweeté le 21 juillet Julien Aubert, candidat à la présidence de LR.
De son côté, Guillaume Larrivé, également dans la course à la présidence des Républicains, avait appelé ses collègues à «boycotter Greta Thunberg à l'Assemblée nationale». «Pour lutter intelligemment contre le réchauffement climatique, nous n'avons pas besoin de gourous apocalyptiques, mais de progrès scientifique & de courage politique», avait-il lancé sur le réseau social. Auparavant, Valérie Boyer (LR) avait parlé de Greta Thunberg comme d'une «jeune activiste totalement sous emprise».
Et Sébastien Chenu (RN) avait demandé: «Si je dis que je ne veux pas aller me prosterner devant Greta Thunberg cette enfant de 16 ans invitée à l’Assemblée devant la représentation nationale, je sors (encore?) du politiquement correct ?»
La gauche concentre ses critiques sur le green washing
Des élus de gauche ont pour leur part fait valoir ces derniers jours qu'il était «incompréhensible» que la majorité vante les mérites de la jeune adolescente et vote ce 23 juillet, au moment même de sa venue, le projet de loi de ratification du traité Ceta de libre-échange entre l'UE et le Canada, nocif selon eux pour l'environnement.
Une députée LREM, Bénédicte Peyrol, a pris ses distances dimanche à l'égard de la visite de la jeune Suédoise. «Pourrait-on mettre autant à l’honneur les scientifiques, les personnes qui agissent depuis des années pour la planète. Utiliser le manichéisme du Bien contre le Mal est bien trop simple pour agir dans un monde complexe», a-t-elle tweeté.
De son côté, Greta Thunberg a déclaré : «Ils ont plus peur de moi que du vrai problème.»
Greta Thunberg a été invitée par les 162 députés membres du collectif transpartisan pour le climat «Accélérons», pour une réunion ouverte aux autres parlementaires. Elle assistera aussi à la séance des questions au gouvernement, depuis la tribune d'honneur.
Lire aussi : Gaz à effet de serre, écologie : la France est-elle un si mauvais élève ? (ENTRETIEN)