France

«La vie est très difficile» : Nicolas Sarkozy philosophe dans un discours-testament avant son procès

L'ancien président de la République a profité d'une remise de légion d'honneur pour tenir un discours tourné vers l'avenir. A savoir la reconstruction de la droite classique française et son procès pour corruption à l'endroit d'un haut magistrat.

A l'occasion d'une cérémonie de remise de la Légion d'honneur le 20 juin à l'ancienne secrétaire d'Etat à la famille, Claude Greff, l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, s'est volontiers montré philosophe. 

Dans un discours tenu devant près de 200 invités à la mairie de Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire) celui-ci a en effet évoqué de façon détournée les déboires des Républicains – qu'il a fondé en 2015 sur les ruines de l'UMP – ainsi que son procès à venir.

On ne peut faire de la politique que si on aime profondément les gens avant de s'aimer soi-même

«La vie ce ne sont que des épreuves. Le bonheur n'est pas dans l'épreuve évitée, il est dans l'épreuve surmontée», a par exemple déclaré l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine, quelques jours après la validation par la justice de son renvoi en correctionnelle pour corruption à l'endroit d'un haut magistrat de la Cour de cassation.

Nicolas Sarkozy préfère «le risque de l'élongation à celui de la rétraction»

«La vie est très difficile. Je ne connais pas une personne ici qui pourrait porter un témoignage inverse», a-t-il également ajouté en allusion au décès de l'épouse de Philippe Briand, maire (LR) de Saint-Cyr-sur-Loire – ancien trésorier de sa campagne de 2012 et mis en examen dans l'affaire Bygmalion. «On ne peut faire de la politique que si on aime profondément les gens avant de s'aimer soi-même. Or, parfois, on a l'impression qu'ils s'aiment énormément… Je ne vise personne», a encore pointé Nicolas Sarkozy dans une référence à l'état de la droite française. 

Quand on commence à se replier sur un petit cénacle, quand on est sectaire, il n'y a jamais de fin

Se faisant plus pressant, il a en outre estimé : «Dans ma longue carrière politique, on m'a reproché parfois, y compris mes propres amis, de trop élargir de trop rassembler des gens différents, mais moi je vous dis: on n'élargit jamais assez.» Usant aussi de la métaphore sportive, il a confié avoir «toujours préféré le risque de l'élongation à celui de la rétraction». Une critique à peine voilée à l'encontre de l'ex-président des Républicains, Laurent Wauquiez, accusé d'avoir rétréci le champ politique de son parti. 

«Quand on commence à se replier sur un petit cénacle, quand on est sectaire, il n'y a jamais de fin. Quand vous rentrez dans le phénomène de rétractation sur vous-même, vous vous trouvez dans une situation où l'autre n'est jamais assez d'accord avec vous. Et à la fin, vous vous retrouvez tout seul», a-t-il conclu. Une envolée qui sonne à la fois comme un avertissement envers la droite classique et comme un début de testament politique pour celui qui a réaffirmé une semaine plus tôt que la vie politique n'était désormais «plus son quotidien».

Lire aussi : Macron, «meilleur président de droite depuis un certain temps» selon une ex-conseillère de Sarkozy