Habitué des polémiques, l'éditorialiste au foulard rouge a encore frappé. Le 18 juin, sur le plateau de BFM TV, Christophe Barbier a en effet critiqué la réforme de l'assurance-chômage présentée par le gouvernement... au motif qu'elle n'allait pas assez loin.
A la question du présentateur de la chaîne qui cherchait à savoir si l'on pouvait être «sûrs que les chômeurs [seraient] désormais incités à prendre les postes qui leur sont proposés», l'éditorialiste a tranché : «Non. Je crains que cela ne soit pas assez efficace parce que ce n’est pas assez violent, tout simplement.»
«C'est la société française», a poursuivi Christophe Barbier estimant que ses concitoyens n'accepteraient pas ce qui se passe dans d'autres pays comme l'Allemagne ou l'Angleterre, où le taux de chômage est bas, en échange d'un taux plus important de travailleurs pauvres et précaires.
«[En France] on considère que le droit au travail, c'est le droit de choisir son travail et de ce côté-là il faudrait réformer complètement Pôle emploi», a encore déploré celui qui se dit favorable à la suppression de la cinquième semaine de congés.
«C'est pour cela qu'en France, on arrive pas a régler ce problème du chômage de masse, c'est pour cela que les chômeurs se ramassent à la pelle», a-t-il conclu.
Une réforme qui suscite la colère des syndicats
Parmi les mesures présentées par le gouvernement, le durcissement des règles d'indemnisation, un «accompagnement», selon les termes de l'exécutif, renforcé des chômeurs et des sanctions contre les entreprises abusant des contrats courts.
A partir du 1er novembre, il faudra avoir travaillé six mois sur les 24 derniers mois (au lieu de quatre mois sur 28 actuellement) pour accéder à l'assurance chômage. Les conditions de «rechargement» des droits seront également durcies, passant d'un mois de travail à six mois.
Quant aux demandeurs d'emploi qui avaient un revenu de travail supérieur à 4 500 euros brut par mois, ils verront leur indemnisation réduite de 30% à partir du septième mois, à l'exception des plus de 57 ans et avec un plancher de 2 661 euros nets.
Ce que le Premier ministre Edouard Philippe considère comme le «troisième temps de la transformation de notre marché du travail» après les réformes controversées du code du travail et de la formation professionnelle, fait bondir les syndicats.
«A la demande du patronat, ce gouvernement organise la baisse massive du paiement des qualifications et de l'expérience accumulée tout au long de la carrière», a commenté l'Union des cadres CGT, citée par l'AFP. Généralement plus modérée, la CFDT s'est également dite très en colère face à une «réforme profondément injuste, qui va toucher 100% des chômeurs», et appelle à un rassemblement le 25 juin.
Après l'échec des négociations entre patronat et syndicats cet hiver, c'est la première fois depuis 1982 que l'Etat redéfinit seul les règles d'indemnisation. Les derniers changements étaient entrés en vigueur à l'automne 2017.
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